12000 opticiens, 12000 salopards ? C'était l'accroche un brin provocatrice de l'émission d'Eric Brunet vendredi à 13h sur RMC « Carrément Brunet ». Selon le principe de l'émission, le journaliste défendait son point de vue, en l'occurrence favorable aux opticiens, contre celui des auditeurs. À noter que le journaliste de RMC est marié à une opticienne comme il l'a indiqué à l'antenne. 

C'est la seconde fois qu'une émission de radio prend le parti de défendre la filière après l'émission d'Europe 1 la semaine dernière ((lire notre News :  " Le décret ‘très bien pour les opticiens' estime le docteur Franck Earith sur Europe 1") « Carrément Brunet » a eu le mérite de laisser la parole à plusieurs acteurs de la filière qui ont pu répondre aux récentes attaques dont elle fait l'objet. Le débat portait bien sûr sur les résultats de l'enquête Que-Choisir, sur le chiffre selon lequel un opticien sur cinq fraude à la mutuelle (lire le détail par enseigne "UFC-Que choisir : l'enquête « clients mystères » que nous annoncions hier est sortie en kiosque"), mais aussi sur le plafonnement des remboursements. 

Invité de l'émission, Lionel Rouach, opticien à Issy-les-Moulineaux (92) a fait part de son ras-le-bol de figurer à la Une de l'actualité à travers la stigmatisation de la profession. Il a évoqué le plafonnement des remboursements comme un cadeau aux mutuelles qui allait leur permettre de ne plus se faire de concurrence entre elles et anticipé les dérives possibles d'entente entre les différents acteurs, « comme avec les trois opérateurs de la téléphonie mobile.» 

Ludovic Mathieu directeur général d'Essilor France était aussi là pour défendre son entreprise face au plafonnement des remboursements. Il a évoqué une « aberration d'un projet bâti par le petit bout de la lorgnette » : « M.Montebourg nous dit soyez conquérants, faites de la qualité et de l'innovation et Mme Touraine nous dit : vous n'avez pas le droit de la vendre en France » a-t-il pointé. Il a isolé trois obstacles à l'accès aux équipements pour les Français : la complémentaire santé généralisée, qui ne donne pas le choix de sa mutuelle, le plafonnement des remboursements qui ne permet pas de choisir sa garantie optique et les réseaux de soin de la loi Le Roux qui orientent vers un opticien et un produit. 

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A gauche Ludovic Mathieu DG Essilor France et à droite Lionel Rouach, opticien à Issy-les-Moulineaux lors de l'émission en direct qui a duré 45'

Pour exprimer les craintes de la filière, Frédéric Beausoleil a rappelé qu'à la création de son entreprise en 1990, il y avait quasiment 150 unités de production de lunettes en France, principalement installées dans le Jura contre une vingtaine aujourd'hui. Il a précisé que l'industrie lunetière française allait être détruite à cause du plafonnement des remboursements des montures à 100€. « On condamne les vingt dernières usines françaises » a-t-il plaidé. Jean-Charles de Lemps, PDG de la société Moderne Optique a indiqué pour sa part que si les différentes mesures se confirmaient, à défaut de vendre sa production en France, il l'exporterait sur le marché asiatique, notamment en Corée, très friande, elle, de la qualité française... Autant d'arguments qui ont fait évoluer le vote des auditeurs au cours de l'émission vers moins d'opinions défavorables de 54 à 50. Une bien maigre consolation qui donne une idée des conséquences néfastes de la récente actualité sur la filière...

Voir le reportage sur les fabricants français diffusé au JT de France 2 du 21 mai 2014 :