Suite à la publication par l'UFC-Que choisir de son enquête sur la filière optique (lire notre news "UFC-Que choisir : l'enquête « clients mystères » que nous annoncions hier est sortie en kiosque"), Krys Group a rapidement réagi, annonçant la mise en place de mesures visant à répondre aux principales critiques de l'association. L'enseigne l'a ainsi appelé à lui fournir les dossiers des opticiens fraudeurs du groupe Krys afin de les sanctionner. De son côté, interviewé sur Europe 1 par Wendy Bouchard, le DG d'Atol, Philippe Peyrard a jugé « que les opticiens ont été poussés à la fraude. » En revanche, comme nous l'avons également souligné hier (lire notre news "Les mystères des enquêtes à charge de l'UFC-Que Choisir"), Krys rejoint l'association de consommateurs quand elle estime que plafonner les remboursements optiques « est un mauvais calcul du Gouvernement ». 

« Il est inacceptable, a affirmé Jean-Pierre Champion, DG de Krys, que l'optimisation de facture soit encore pratiquée par 11,8% d'opticiens sous enseignes nationales. (...) L'éthique est une des valeurs fondatrices de Krys Group et nous avons fait de la déontologie un de nos principes essentiels. Nous sommes aujourd'hui les seuls à disposer d'un comité déontologique. 29 opticiens ont ainsi été sanctionnés depuis sa création en 2010. Il indique qu'il passera en revue chaque cas relevé par l'UFC-Que Choisir et, si la faute est avérée, prendra les mesures nécessaires qui peuvent aller jusqu'à l'exclusion de l'adhérent. (...) Je tiens cependant à souligner et à saluer la conduite exemplaire de la plus grande partie de nos 1 350 opticiens qui se comportent en vrais professionnels de santé ». 
Krys Group « invite les mutuelles à intensifier leurs contrôles et à lui transmettre tous les cas appelant une instruction par le comité déontologique. » Pour rappel, l'opticien et son client sont passibles de 45 000 euros d'amende et 3 ans d'emprisonnement en cas de fraude, cela étant considéré comme usage de faux. 

L'enseigne a également tenu à répondre aux autres points abordés dans l'étude de l'UFC-Que choisir. Concernant « l'accroissement important du nombre de magasins et les marges des opticiens », Krys estime que « le nombre de magasins d'optique en France ne doit plus augmenter. (...) Cela est dû à un flux pléthorique de nouveaux diplômés de 2 000 par an (...). Afin de réguler le nombre de nouveaux arrivants, Krys recommande d'inscrire le diplôme d'optique dans un schéma licence en 3 ans. » En termes de marge, le groupe rappelle que « l'optique ‘commence' avec les marges brutes du luxe et ‘fini' avec les marges nettes de la distribution ». Et de préciser : « un opticien passe en moyenne 2h15mn par client. Ce profil de rentabilité est d'ailleurs commun aux artisans commerçants : 4% de rendement annuel pour un investissement initial de 500 000 € ». 

Quant à la différence de prix observée entre la France et le reste de l'Europe, l'enseigne insiste sur la distinction à faire « entre prix et dépense ». Admettant que « la dépense annuelle d'optique par Français est la plus élevée dans le monde avec en moyenne 90 € par personne et par an », Krys Group rejoint le DG d'Atol, selon qui « en France, nous bénéficions, en termes de verres comme de montures, de produits plus sophistiqués qu'ailleurs ». Pour Jean-Pierre Champion « cela tient au niveau de remboursement (60%), au poids du verre progressif (30% contre 20% dans le reste des pays développés), à la volonté des Français de bénéficier des dernières innovations (traitements des verres et free form) et à la qualité de service. » 
Et quand l'association évoque une marge moyenne de 270%, Philippe Peyrard conteste lui aussi, arguant que « l'UFC confond avec le coefficient multiplicateur qui peut être de l'ordre de 2,4 à 2,7. Mais, a-t-il insisté, avoir une marge de 270% impliquerait qu'on fait finalement plus de marge que de chiffre d'affaires ! La marge d'un opticien, en règle générale, est comprise entre 60 et 62%, selon les données du ministère des Finances. » [Il s'agit ici de la marge brute et non de la marge nette qui est de 4%, ndlr]. 

Enfin, alors que pour l'UFC-Que Choisir, « seuls les réseaux sont à même de faire baisser les prix », Krys Group réaffirme « qu'instrumentaliser les réseaux de soin pour réduire le nombre d'opticiens traduit le désengagement de l'Etat à traiter une problématique de santé publique. Si le législateur veut vraiment s'attaquer à l'accessibilité des soins, tant géographique qu'économique, souligne le groupe, il est nécessaire d'inscrire le diplôme d'optique dans un schéma licence en 3 ans. » 
Une telle mesure permettrait d'inscrire véritablement l'opticien en tant que professionnel de santé, capable de palier la baisse démographique des ophtalmologistes dans les prochaines années.