C'est à l’ISO Lyon que l’association Soleo a vu le jour, en 2014, avec pour objectif d’organiser des missions humanitaires dans plusieurs endroits du globe (Arménie, Cambodge, Sénégal, Tunisie…). Des pays très différents les uns des autres mais qui ont notamment un point commun : l’absence de soins visuels, dès qu’on s’éloigne des grandes villes. C’est le constat de Chloé Joly, présidente de l’association et opticienne : « C’est très frustrant de voir le manque de prise en charge de la vue dans ces zones. En Tunisie, les inégalités de soins sont très marquées, surtout quand on entre dans les terres ». C’est là que la dernière mission a eu lieu il y a quelques jours seulement, dans le nord du pays, dans les villages de Rouhia, Kesra, Makthar et Sejnane. 9 bénévoles, étudiants à l’Iso et diplômés, s’y sont rendus pendant 10 jours. Bilan : 628 dépistages réalisés et 520 équipements délivrés. Les examens de vue sont réalisés en binômes, un diplômé et un étudiant, de manière à servir de formation.

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Les bénévoles Soleo en mission en Tunisie accompagnés des acteurs locaux

 

« Il n’y a qu’un ophtalmologiste pour toute une région, et les équipements optiques sont trop chers : ce n’est pas la priorité de la population », explique Chloé Joly. « On voit beaucoup de pathologies visuelles différentes : de nombreuses cataractes qui sont si développées qu’on les voit à l’œil nu, des glaucomes et des ptérygions qui nécessiteraient une intervention chirurgicale… En revanche, on rencontre beaucoup moins de myopies qu’en France, les habitants passent beaucoup de temps dehors et sollicitent peu la vision proche. On équipe surtout les enfants avec des solaires ». Les montures sont fournies par Opal et les verres par Seiko.

Au Sénégal, une mission similaire a eu lieu au mois de juillet, organisée par Soleo. « Les personnes de plus de 50 ans pensent souvent qu’elles n’ont pas de problème de vue jusqu’au jour où c’est trop tard pour réagir », regrette la présidente. « Mais ils n’ont pas vraiment le choix : il n’y aucun opticien dans la région. Rien qu’une consultation chez un médecin généraliste ça leur coûte une petite fortune ».

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Prise de mesure au Sénégal

 

L’ISO Lille a vu naître une association du même genre : Les yeux des écoliers, présidée par Carole Borie, responsable pédagogique, a permis à 15 volontaires de se rendre au Cambodge en juillet dans la province de Battambang pour une mission en optique, mais aussi en hygiène dentaire, ainsi que la fourniture de médicaments de base et la rénovation d’une école. Parmi les bénévoles, 5 diplômés et étudiants à l’ISO ont pu réaliser 600 examens de vue, fournir 150 lunettes loupes et 400 solaires : les verres sont fournis par Essilor et Zeiss, et les montures collectées chez les opticiens à Lille et remis en état par Zac.

« Au Cambodge, les habitants sont encore parfois réticents à l’idée de porter des lunettes parce que cela rappelle les Khmers rouges qui exécutaient systématiquement ceux qui en portaient dans leur chasse aux intellectuels », rappelle Carole Borie.

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Dans les zones rurales, les besoins en lunettes sont nombreux

 

Les besoins sont pourtant très importants dans les zones rurales, comme en témoigne Clémence, jeune opticienne diplômée : « Dans le village où nous nous sommes rendus, personne n’avait de lunettes, pas même les plus âgés. Certains d’entre eux ne voyaient plus correctement depuis 20 ans avant qu’on les équipe. Personne n’a accès à ces soins, il n’y pas de système de remboursement, alors que chez nous on a tout ce qu’il faut à chaque coin de rue ».

Pour tous ces volontaires, ces missions sont surtout une riche expérience humaine ; la culture, les échanges, rendent ces missions inoubliables.

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Les bénévoles de l'association "Les yeux des écoliers"