21 millions de lunettes sont mises sur le marché français chaque année (solaires comprises), et personne ne sait exactement où elles finissent. Souvent dans les tiroirs des Français (la légende parle de 100 millions de lunettes qui s’y trouveraient), parfois elles font le tour du monde et finissent en mer avec les autres plastiques.

Pour contribuer au développement de solutions à ce problème, une jeune entrepreneuse de 22 ans, Ophélie Vanbremeersch, a lancé une entreprise il y a deux ans, les Lunettes de Zac, chargée de collecter, de reconditionner et de vendre des montures venues de toute la France. Aujourd’hui, avec environ 300 points de collectes (appuyés notamment par des partenaires privés comme la BNP, plusieurs Auchan dans les Hauts-de-France et de nombreux autres commerces de plus petite taille, ainsi que les 9 écoles Iso), un flux important d’équipements usagés arrive à intervalles irréguliers jusqu’à Roubaix : « Depuis le lancement de l’entreprise il y a deux ans, nous avons collecté environ 40 000 paires de lunettes. Toutes n’arrivent pas dans le même état : environ 40% sont remises en vente dans notre magasin de Roubaix une fois reconditionnées. Les autres sont envoyées à des associations caritatives, et celles qui sont totalement irrécupérables servent à des formations pour les employés », explique Ophélie Vanbremeersch, la directrice générale.

 

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En deux ans, près de 40 000 lunettes usagées ont été collectées

 

Une forme d’économie circulaire sociale

Cette start-up emploie 5 personnes sur site ainsi que 4 autres emplois indirects chez Altereos à Tourcoing : ce sont des personnes en situation de handicap chargées du reconditionnement et qui passent environ 20 minutes par monture pour les restaurer.

Les ventes se déroulent dans le magasin Lunettes de Zac à Roubaix avec des prix attractifs : entre 19 et 89 euros pour des montures de seconde main, et entre 35 et 260 euros pour des montures upcyclées (issues de matériaux comme le coquillage ou le plastique de bouteilles). Le magasin est agréé par la Sécurité Sociale et les complémentaires santé et propose des verres Novacel aux clients, qui sont aujourd’hui à 65% des Lillois. C’est justement dans cette ville qu’un deuxième point de vente devrait voir le jour dans les mois à venir.

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Aurélie et Raphaël passent une vingtaine de minutes sur chaque monture pour les reconditionner

 

Les verres correcteurs sont les grands absents de cette tendance au recyclage. Chez Lunettes de ZAC, on les stocke patiemment en espérant leur trouver un débouché dans l’avenir.

Les verres de présentation ne sont pas non plus récupérés ici, d’ailleurs Ophélie Vanbremeersch milite pour qu’ils ne soient plus systématiques sur les montures. Si elle reconnaît volontiers que la profession va globalement dans la bonne direction en prenant en compte certaines données environnementales, elle regrette tout de même un greenwashing important chez certains industriels et enseignes. De fil en aiguille, elle compte bien renforcer la tendance générale qui se dirige vers davantage de sobriété (diminution de la consommation d'énergies et de matériaux).