Le 18 février dernier, le Rof a déposé une requête en référé pour suspendre le décret du 30 janvier qui a entrainé la fermeture d’opticiens dans les centres commerciaux de plus de 20 000 m². Le syndicat jugeait notamment surprenant de voir que l’optique n’était alors plus vue comme essentielle dans ce contexte. Il craignait l’accroissement des difficultés d’accès aux soins visuels, sachant que les opticiens dans ces centres représentent 30% de l’activité de délivrance des équipements correcteurs.

Une « méconnaissance des spécificités de la filière visuelle »

Le Rof indique ce jeudi que son référé a été rejeté par le Conseil d’État, qui considère que « l’atteinte aux droits et intérêts légitimes des opticiens et de leurs patients n’est pas totalement disproportionnée par rapport à l’objectif poursuivi par le gouvernement, en l’occurrence la réduction du nombre de personnes se transportant et se déplaçant au sein de centres commerciaux. »

Le syndicat déplore une « méconnaissance des spécificités de la filière visuelle » du Conseil d’État qui estime, via le paragraphe 8 de son ordonnance, que la validité « particulièrement longue » des ordonnances fera que les clients attendront la fin des restrictions et ne se reporteront pas « systématiquement sur les commerces de centre-ville ou sur ceux implantés dans les centres commerciaux de plus petite taille ».

Les magasins d’optique des enseignes alimentaires fermés

De cette ordonnance défavorable, le Rof retient deux confirmations « particulièrement utiles » :

  1. Le paragraphe 9 indique que les magasins d’optique dépendants directement des surfaces alimentaires, restés ouverts dans certains centres (type Auchan Optique), sont dans l’obligation de fermer. « Ce n’était pas l’objectif premier de notre référé », précise pour acuite.fr André Balbi, président du Rof. « Nous voulions que tous les opticiens des centres commerciaux puissent rouvrir en tant que professionnels de santé. »
  2. Le paragraphe 10 confirme que l’optique fait toujours partie des « biens et services de première nécessité ». « Le gouvernement distingue deux cas », ajoute Thibaut Pichereau, délégué général du Rof. « En cas de confinement, les opticiens de centre commerciaux, en tant que commerces essentiels, restent ouverts. Alors que cette mesure précise n’a pour objectif que de limiter le brassage de population. »

Le Rof ne compte pas lâcher

Déçu de la décision du Conseil d’État « qui risque d’accroitre les difficultés d’accès aux soins visuels pour des centaines de milliers de Français », le Rof entend continuer son action et « compte dorénavant sur le ministère de la Santé pour appliquer ce principe de reconnaissance des opticiens comme professionnels de santé en apportant des réponses concrètes et rapides aux besoins visuels des Français. »

Alors que le prochain comité de suivi du 100% Santé aura lieu le 30 mars prochain, le Rof indique l’attendre impatiemment « pour pouvoir discuter de vive voix avec le ministère de la santé sur les réponses à apporter. »