Pour pallier la longueur des délais de rendez-vous chez les ophtalmologistes, des solutions se mettent en place. Cette initiative née au Nord pourrait progressivement parcourir la France jusqu’au Sud.

Depuis un peu plus d’un an, Romain Elebaut et Maxime Jakubowicz, 2 orthoptistes, ont ouvert 5 centres Relais Vision de téléophtalmologie. Deux dans le Nord et trois dans le Pas-de-Calais.

Réduire les délais d’attente dans les déserts médicaux

Le but : réduire les délais d’attente chez l’ophtalmologiste, alors que les deux professions peuvent collaborer à distance depuis 2018 et le protocole Muraine. « On s’est vite rendu compte de la demande des patients. Beaucoup voulaient faire ne serait-ce qu’un renouvellement d’ordonnance et avaient du mal », expliquent à acuite.fr les fondateurs de Relais Vision. « Nous nous implantons là où les ophtalmologistes ne vont pas ».

En effet, le Pas-de-Calais fait partie des déserts médicaux les plus importants de France. Avec seulement 4 ophtalmologistes pour 100 000 habitants, seuls la Creuse, la Meuse et la Lozère ont de plus faibles densités (CF la cartographie de nos confères de Bien Vu Les Enjeux).

Le parcours de soins version télémédecine

« Il faut fluidifier le parcours de soins, que les patients n’attendent pas des mois pour obtenir une ordonnance et qu’ils ne se rendent chez l’ophtalmologiste qu’en cas de besoin. » Il suffit d’une à deux semaines maximum pour obtenir un rendez-vous chez un orthoptiste Relais Vision, formé pour réaliser la réfraction et la photo de fond d’œil. Un bilan visuel complet est alors effectué, et les résultats transmis à l’ophtalmologiste partenaire via un logiciel spécialement créé.

Celui-ci doit se situer à une distance raisonnable du centre Relais Vision. « On ne laisse pas le patient dans la nature, il doit pouvoir s’y rendre », justifie Romain Elebaut. L’ophtalmologiste a alors 8 jours pour étudier ces résultats et renvoyer une ordonnance ou, en cas d’anomalie détectée (et l’orthoptiste peut signaler en amont s’il en suspecte une), un compte-rendu invitant le patient à prendre rendez-vous. Enfin, l’orthoptiste transmet dans la foulée l’ordonnance au patient via Doctolib. Le tout régi par le protocole Muraine et coûtant donc 28 euros, somme remboursée par l’Assurance maladie et en tiers-payant.

Du « « win/win/win »

Un système « win/win/win » comme le qualifie Romain Elebaut. Le patient est gagnant, et les deux professionnels de santé concernés aussi.

Avec ce système, l’ophtalmologiste partenaire bénéficie d’un service clés en main et « n’a pas à créer de de cabinet secondaire », poursuivent les deux orthoptistes. « Il fait sa vie classique et libère quelques heures par semaine pour les relectures et éventuelles convocations. »

Relais Vision propose un concept idoine pour les orthoptistes indépendants qui s’intéressent à la téléophtalmologie, et les accompagne de A à Z dans leur installation et leur développement, avec du matériel « à la pointe », encore plus essentiel dans le cadre de la télémédecine, et aux tarifs négociés.

Bientôt plus loin que le Nord ?

Avec déjà une 6e ouverture de centre prévue prochainement, Relais Vision entend s’étendre en 2021. Le Finistère et le Haut-Var, ou encore Rennes, font partie des zones ciblées par Romain Elebaut et Maxime Jakubowicz.

L’avis d’un opticien installé dans la même ville

Nous avons interrogé un opticien exerçant à Saint-Pol-sur-Ternoise, dans le Pas-de-Calais, où est situé un des centres Relais Vision. Jean Hugbart, opticien indépedant, a fait sa toute première ordonnance issue de Relais Vision la semaine dernière. Il nous livre son avis :

« Le concept est intéressant car nous sommes dans une région très sinistrée en termes d’ophtalmologistes. Ici, le plus proche se situe à 30 kilomètres, et c’est difficile d’obtenir un rendez-vous. Beaucoup de gens se plaignent des délais d’attente. Là, ils donnent la possibilité d’en avoir un rapidement.

N'oublions pas qu’un rendez-vous physique chez l’ophtalmologiste, c’est quand même bien, et que nous opticiens pouvons réaliser des renouvellements d’ordonnances. Mais le concept répond à une attente, ici, dans ce contexte. »