Ce jeudi 22 juillet, l’Autorité française de la concurrence a annoncé qu’elle infligeait une amende de plus de 125 millions d’euros à Luxottica. Le motif : le fabricant italien a « imposé aux opticiens des prix de vente au détail et leur a interdit de vendre sur Internet ». EssilorLuxottica va faire appel.

Des prix de vente imposés et des « mesures de rétorsion » pour les contrevenants

Il est reproché à Luxottica d’avoir, entre 2005 et 2014, « diffusé à ses distributeurs des prix dits "conseillés" », et de les avoir « incités à maintenir un certain niveau de prix de vente au détail de ses produits ». D’autres obligations pour les distributeurs sont nommées par l’Autorité :

  1. Des contrats de distribution sélective « interprétés comme interdisant notamment les remises et les promotions lors de la vente au détail » ;
  2. Des restrictions quant à la publicité réalisée sur leurs prix (des prix que Luxottica surveillait).

L’Autorité de la concurrence explique que « les opticiens persistant à ignorer les messages de Luxottica se sont vu appliquer des mesures de rétorsion : retard ou suspension des livraisons de leurs magasins, retrait de l’agrément nécessaire à la distribution de certaines de ses marques ou encore blocage des comptes pour les empêcher de passer commande ».

« Des pratiques, anticoncurrentielles graves »

L’instance dénonce des « pratiques, anticoncurrentielles graves » qui ont « affecté des consommateurs » et « engendré un dommage certain à l’économie, dans la mesure où elles ont porté sur des marques notoires, affecté la concurrence intra-marque pendant une longue durée, et concerné une part significative des distributeurs ». Les enseignes Alain Afflelou, Krys, GrandVision et Optical Center sont notamment concernées.

Les opticiens interdits de vendre en ligne

Enfin, pour les marques Chanel, Prada, Dolce & Gabbana et Bulgari, Luxottica et ses distributeurs agréés interdisaient la vente en ligne des lunettes de soleil et des montures de lunettes de vue par les opticiens. Le dommage causé à l’économie a ici été moindre « en raison du faible développement des ventes par Internet ».

LVMH et Chanel aussi condamnés

LVMH et Chanel ont aussi été condamnés. La première pour les mêmes motifs, la seconde uniquement pour l’interdiction de vente en ligne. Voici les amendes dans le détail (l’entreprise Logo a également été épinglée, mais a été placée en liquidation judiciaire en 2016 et n'a donc pas été sanctionnée) :

Les sanctions de l'Autorité de la concurrence

(© Autorité de la concurrence)

EssilorLuxottica conteste la décision de l’Autorité française de la concurrence

Dans un communiqué envoyé dans l’après-midi, EssilorLuxottica conteste cette décision. Le groupe se dit « fermement convaincu d’avoir œuvré dans le strict respect des règles de concurrence, toujours au bénéfice de ses clients, de ses partenaires et de l’ensemble du secteur. » Et estime « que la sanction est hautement disproportionnée et sans fondement. »

EssilorLuxottica annonce qu’il interjettera appel et se dit « confiant d’être en mesure de prouver que la décision n’est fondée ni en droit ni en fait ».