Attaqués de plein fouet, les pharmaciens réagissent avec force au rapport de l'IGF

En tête de liste du tableau des professions réglementées ayant les plus gros revenus*, les pharmaciens réagissent avec force aux attaques de l'Inspection Général des Finances (IGF) en publiant un rapport de 107 pages. « Troublé par l'opacité intentionnelle dans laquelle se déroule jusqu'ici l'examen de sa profession », l'Ordre national des Pharmaciens (ONP) estime que les conclusions du fact-checking sont édifiantes. Selon lui, « le gouvernement ne saurait engager une réforme de la profession sur la base d'un rapport IGF fondé sur une densité stupéfiante d'approximations et d'aberrations ». 

Des attaques sur les prix non fondées 

Au fil des pages, l'ONP s'attache donc à démonter point par point les attaques faites aux pharmaciens titulaires d'officine. « L'affirmation principale de ce rapport est que le prix des médicaments non remboursables aurait « explosé » dans les dernières années. De fait sur les 6 milliards de pouvoir d'achat à redonner aux français, 400 millions d'euros seraient captés indûment par les pharmaciens ». Tout comme pour notre profession, l'ONP note que « le prix des médicaments PMF non remboursables est stable entre 2009 et 2013, il augmente moins vite que l'inflation. Autrement dit, les 400 millions de pouvoir d'achat à redistribuer, tels qu'ils ont été localisés par l'IGF, n'existent pas. Ajoutons que les études européennes démontrent que les médicaments dits « d'automédication » sont en France, parmi les moins chers d'Europe ». 

Les pharmaciens remettent en question le sérieux de l'IGF 

« C'est plus généralement toute l'annexe du rapport IGF qui est constamment entachée de données ou d'affirmations inexactes, insiste l'ONP. Remis au Gouvernement en mars 2013, l'étude indique que les médicaments non remboursables ont un taux de TVA de 5,5% alors que la loi de finances rectificative 2011 a porté ce taux à 7%. Il faut être un peu négligent pour ne pas se souvenir de telles évolutions quand on est inspecteur des finances, ironisent les auteurs. Pas étonnant qu'on juge que les médicaments voient leur prix augmenter, si cela résulte d'une hausse de la TVA. Que les inspecteurs des finances sachent qu'ils pourront prendre conseil auprès de leur pharmacien s'ils ont des problèmes de concentration ou de mémoire », se moque l'ONP. 

Aussi, les pharmaciens pointent également un revenu médian non représentatif de leur profession : « pour analyser les revenus des pharmaciens associés, l'IGF a analysé les dossiers fiscaux du « premier associé » de 22 pharmacies choisies aléatoirement dans les départements des Hauts-de-Seine et d'Indre-et-Loire. Où les inspecteurs de l'IGF ont-ils appris les statistiques pour considérer qu'un échantillon de 22 est représentatif d'un groupe de 5 500 ? », questionne le rapport. 

Des recommandations jugées inadaptées et dangereuses 

Enfin, l'ONP fustige les recommandations faites par l'IGF comme la libéralisation de la vente des médicaments à prescription médical facultative (PMF). « Il faudra en parler avec les parents britanniques du tiers des 18/24 ans admettant une dépendance aux médicaments en vente libre, pointe l'ordre. L'usage inapproprié des médicaments provoque 12 000 décès et 120 000 hospitalisations par an dans le pays. Ces chiffres sont déjà énormes, et ne feraient qu'empirer si on autorisait la vente des médicaments dans le temple du commerce », alertent les pharmaciens. 

Le Gouvernement et autres instances n'ont pas encore réagi à la publication toute fraîche encore de cet argumentaire alors qu'une loi, inspirée des propositions de l'IGF, devrait être présentée par le ministre de l'Economie à la rentrée. Mais forts de leur mobilisation, les pharmaciens ont la puissance de frappe suffisante pour se défendre des attaques faites à leur profession. Arriverons-nous un jour à en faire de même en optique ?