Et si des mouvements des yeux pouvaient apaiser et soigner les patients atteints de troubles de stress post-traumatique (TSPT) ? C’est la technique mise au point par la psychologue américaine Francine Shapiro il y a près de 30 ans. 

Depuis, l’efficacité de l’EMDR, l’Eye movement desensitization and reprocessing (désensibilisation et retraitement des informations avec l’aide de mouvements oculaires, en français) a été prouvée par des études scientifiques. Des recherches qui ont par ailleurs mis en lumière la rapidité avec laquelle les traumatismes étaient soignés grâce à cette thérapie : 80 % des patients avec un traumatisme simple sont soignés après 1 à 8 séances. Compter 1 heure pour une séance.

Concrètement, durant une session de EMDR le patient effectue avec ses yeux des mouvements allant de gauche à droite. Le dispositif complet prévoit également des sons, des « bip » qui parviennent d’une oreille à l’autre et des tapotements d’une partie du corps (la main ou le genou), d’un côté puis de l’autre. Après un laps de temps court, le praticien arrête les simulations bilatérales alternées (SBA) et le patient est amené à décrire ses émotions et ses pensées. C’est à cet instant que les souvenirs douloureux peuvent ressurgir. 

Après quelques sessions, les sujets affirment que leurs souvenirs ne sont plus traumatisants : l’EMDR leur a permis d’en alléger la charge émotionnelle. 

Mais comment ça marche ? Quand un souvenir est traumatisant, c’est qu’il n’a pas été traité par le cortex dans le cerveau mais dans le cerveau limbique, la partie liée aux émotions. L’EMDR permet de « ranger » l’information dans la bonne zone du cerveau. 

Actuellement, rares sont les thérapeutes à être formés à cette technique et seules les séances réalisées à l’hôpital sont remboursées. Pourtant, « l’EMDR est reconnu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un des 2 traitements efficaces lors d’un stress post-traumatique, d’un stress aigu ou d’un deuil » a déclaré à un de nos confrères Suisse, Olivier Piedfort-Marin, vice-président de l’association EMDR Suisse et psychologue psychothérapeute. 

Cette technique ne se cantonne pas qu’au traitement des troubles de stress post-traumatique, elle est aussi utilisée dans des cas de phobies, de dépression, d’anxiété, d’addiction et même dans le cas de certains troubles psychotiques.