En parallèle des traitements médicamenteux, les personnes atteintes de DMLA ont aujourd'hui un nouvel espoir : le télescope implantable. Mis au point par la société américaine VisionCare (qui a levé 46 millions de dollars auprès d'investisseurs pour son développement), sa commercialisation vient d'être validée aux Etats-Unis par la FDA (Food and Drug Administration). Ce dispositif comporte cependant des risques importants qui inquiètent les ophtalmologistes et pourraient freiner, voire empêcher, son utilisation en Europe.

Des résultats probants chez 75% des patients

Le télescope miniature s'adresse aux patients au stade terminal de la DMLA et s'implante à la place du cristallin. Il agrandit l'image (2,2 fois ou 2,7 fois selon le modèle) et la projette sur une partie saine de la rétine. L'autre oeil, non implanté, est utilisé pour la vision périphérique. Avant l'intervention, les malades doivent être « éduqués » par un spécialiste Basse Vision, avec un télescope extérieur. Une formation est également nécessaire après l'intervention. Selon les études cliniques menées sur 219 personnes de plus de 75 ans, l'appareil a permis à 75% d'entre eux de réduire significativement leur déficience visuelle, la faisant passer de l'état "grave" à l'état "modéré". "Nos prothèses représentent une nouvelle opportunité de traitement pour cette population gravement déficiente sur le plan visuel. Cet accord de la FDA est l'aboutissement d'années de développements scientifiques et cliniques" se réjouit Allen Hill, PDG de VisionCare, qui espère désormais une prise en charge du dispositif par l'assurance maladie américaine.

1 patient sur 10 souffre de graves effets secondaires

Le télescope a un diamètre de 3,6 mm et une longueur de 4,4 mm. Cette taille importante a engendré un oedème cornéen chez presque 10% des personnes implantées. 4% d'entre elles ont du recourir à une greffe de cornée. Pour les spécialistes français, l'importance de ces effets lourdement indésirables est inquiétante. "La proportion de greffes de cornées est beaucoup trop lourde. De plus, il n'est pas possible d'opérer, par exemple pour un décollement de rétine, un patient porteur de ce type de télescope" souligne le Docteur Didier Ducournau, président de la Société européenne de chirurgie vitréorétinienne. Celui-ci déconseille ainsi le recours à ce dispositif, lui préférant les aides visuelles existantes. Aux Etats-Unis, les patients sont avertis des risques et doivent signer, avant l'intervention, un document précisant que leur consentement est éclairé.


A gauche, un oeil non implanté : la vision centrale est concentrée sur la macula altérée.
A droite, un oeil implanté : la vision centrale s'étend sur des zones plus larges.