Comme en témoignent les 1 800 offres d’emploi sur Acuité, le recrutement reste depuis plus de 5 ans une difficulté majeure de notre profession. 

Il n’y a pas que les opticiens qui se font rares, loin de là. Le groupe Krys vient d’agrandir le site du Codir à Bazainville, qui nécessite le recrutement de 50 salariés, dont de nombreux manutentionnaires supplémentaires pour gérer les flux. Et ils sont très difficiles à trouver.

Tension démographique

Tous les secteurs, ou presque, sont concernés. Selon la Banque de France, plus d’une entreprise française sur deux rencontre actuellement des difficultés de recrutement. Les secteurs les plus touchés sont le transport et la construction, dans lesquels 60 % des entreprises ne parviennent pas à recruter.

Relativiser la pénurie de main-d’œuvre en optique

Ce n'est pas forcément une consolation, mais le dernier baromètre de Pôle Emploi sur les besoins de main-d’œuvre montre que de nombreux secteurs sont encore plus sous tension que nous.

Liste des métiers sous tension par ordre décroissant :

  • Les serveurs de cafés et restaurants.
  • Les aides, apprentis, employés polyvalents de cuisine et cuisiniers.
  • Les agents d’entretien.
  • Les agriculteurs salariés et ouvriers agricoles.
  • Les aides à domicile et aides ménagères.
  • Les aides-soignants, aides médico-psychologiques, auxiliaires de puériculture.
  • Les professionnels de l’animation socioculturelle.
  • Les ouvriers non qualifiés de l’emballage et manutentionnaires.

61% des recrutements de ces secteurs sont jugés particulièrement problématiques par les employeurs en 2023.

Les raisons de ces difficultés

Pôle Emploi avance 5 raisons principales à ces difficultés de recrutement en 2023. Parmi les critères qui poussent des candidats à refuser une offre, on trouve :

  • Un salaire trop faible.
  • La forte concurrence d’autres entreprises du secteur.
  • La trop forte technicité du poste proposé.
  • La pénibilité du travail et les risques associés au poste.
  • Les horaires décalés.

Diagnostic et traitement

Certaines de ces causes existent en optique, comme des salaires potentiellement trop bas, une forte concurrence, et des horaires « décalés » d’une certaine manière avec le travail le samedi, et parfois en nocturne.

Laurent Munerot (voir vidéo ci-dessous) est président de la Cnams, la Confédération Nationale de l'Artisanat des Métiers et des Services. Il est intervenu lors du congrès de la Fnof en juin dernier. La Cnams est une organisation interprofessionnelle qui représente des métiers de la fabrication et des services, dont la Fnof est adhérente pour les opticiens. Il invite à relativiser nos difficultés de recrutement face aux secteurs mentionnés ci-dessus, et propose à la filière de réaliser un diagnostic précis des atouts et inconvénients du métier, tout en observant ce qui se fait dans d’autres secteurs d’activités. En coiffure par exemple, qui subissait une pénurie d’employés, de nombreux salons se sont tournés vers la semaine de 4 jours, ce qui a permis plus de flexibilité tout en conservant le même chiffre d’affaires.

Il rappelle aussi que si les exigences de la nouvelle génération sont parfois difficiles à faire coïncider avec les obligations professionnelles, cette génération n’est pas tombée du ciel : elle est le fruit de leurs parents et de la société que nous avons façonné. Ces nouvelles générations, bénéficiant globalement d'une qualité de vie meilleure que leurs prédécesseurs, nous invite à modifier les conditions de travail.