Mardi 27 septembre, le Tribunal de commerce de Lyon a prolongé le redressement judiciaire du groupe Logo qui craint la liquidation judiciaire après la perte de son contrat avec LVMH. Le lunetier a un mois supplémentaire pour trouver un repreneur.

« Si le 2 novembre nous n'avons pas trouvé de solution pour l'entreprise, la probabilité que le Tribunal de commerce prononce la liquidation judiciaire est réelle », a déclaré à l'AFP Me Renaud Semerdjian, avocat de la société Logo. Rappelons que l’entreprise emploie aujourd’hui 220 salariés à Morez (Jura) et 230 salariés à l'étranger (en Italie et aux Etats-Unis)

En décembre 2015, le leader mondial du luxe LVMH a annoncé au lunetier jurassien qu'il lui retirait sa licence qui courait jusqu'en 2017... Un marché entre 400 000 et 500 000 lunettes made in France. « Tag Heuer représente 90% de notre chiffre d’affaires. Cette licence faisait vivre Logo mais aussi plusieurs sous-traitants sur Morez », nous ont récemment fait savoir les salariés. Ces derniers ont réuni entre 300 et 500 personnes le 20 septembre dernier pour une manifestation à Morez. Depuis sur les murs de l’entreprise, des banderoles ont été suspendues sur lesquelles on peut lire : « 200 victimes du génocide industriel », « Logo meurt, merci Tag » et « Sauvons le Made in France ».

De son côté, LVMH se défend : « Tag Heuer est le dernier client significatif de la société Logo après le départ des autres principales marques en raison de la gestion défaillante de la direction actuelle de la société et de son actionnaire, a réagi le groupe la semaine dernière dans un communiqué. Dès 2014, Tag Heuer a signalé à la société Logo que ces conditions anormales d’exploitation et de gestion ne permettraient pas le renouvellement de la licence à son terme ».

Mais ce qui alerte le plus l’avocat du lunetier, c’est la levée de l’obligation de produire Made in France dans le contrat que LVMH signera avec un nouveau fabricant. « Plus aucun repreneur n'a intérêt à racheter Logo », dénonce Me Semerdjian.

« Pour le Haut-Jura, cette perspective de fermeture est un drame industriel mais surtout humain dans une région déjà sinistrée par la désindustrialisation », estime la députée jurassienne LR Marie-Christine Dalloz dans un courrier adressé le 20 septembre au Premier ministre. La parlementaire « dénonce l’attitude de cette marque française qui, au détriment des emplois à Morez, du savoir-faire reconnu de ces salariés, va certainement délocaliser la production de lunettes de luxe ». Pour elle, « il est primordial que l’Etat se mobilise pour la situation des centaines de salariés de Logo, qui sont détenteurs d’un savoir-faire reconnu mondialement ».

Sur Morez, les employés du groupe continuent de se mobiliser : « Nous rencontrons les élus locaux et une table ronde est prévue ce 29 septembre à la Mairie. Nous y avons convié LVMH et Tag mais n'avons pas encore eu de retour, nous ont-ils confié. Aujourd'hui, nous agissons en pleine autonomie. Nous ne sommes pas en phase avec les choix stratégiques de la direction depuis des années. Nous sommes une société avec des atouts et un savoir-faire dans la lunetterie de luxe. Nous savons travailler et faire du Made in France. Notre objectif aujourd'hui est la sauvegarde de l'emploi », martèlent-ils. 

*Jusqu'en 2018, l'entreprise du Jura pourra fabriquer les lunettes Tag Heuer.