Faut-il aller plus loin sur l’ouverture des commerces le dimanche ? C’est en tout cas le souhait des 20 députés de la République en marche (LREM) qui ont signé une tribune cet été. Les “marcheurs” dressent un bilan positif du travail dominical en évoquant une hausse du nombre du nombre d’emplois à 10 % et la création de 1 500 postes dans les grands magasins parisiens.

Avant l’assouplissement de la législation par Emmanuel Macron en 2015 (alors ministre de l’Economie), vous étiez 65,6 % contre l’ouverture des magasins le dimanche. Près de 3 ans plus tard, qu’en est-il ? Le travail dominical est-il une aubaine ou un fardeau ? Acuité a posé la question à 3 de vos confrères.

Afflelou Champs Elysées

Magasin Alain Afflelou sur les Champs Elysées 

Denis Ducros, directeur du magasin Alain Afflelou avenue des Champs Elysées (75)

“Historiquement, ce magasin est ouvert le dimanche depuis 15 ans, donc il n’y a pas de grand changement pour nous. La seule chose, c’est que depuis juillet 2018 nous commençons la journée à 10 h, au lieu de 11 h. Un choix qui s’est imposé à nous face à la forte fréquentation du quartier dans lequel nous sommes implantés.

Nous gardons la même équipe que la semaine, c’est une chance car nos collaborateurs souhaitent travailler le dimanche, exception faite des étudiants qui ont besoin de ce jour pour réviser par exemple.

Le dimanche, la clientèle est composée essentiellement de touristes et de quelques clients qui viennent récupérer leur équipement. Le seul inconvénient c’est que les mutuelles sont fermées ce jour. C’est gênant pour le consommateur qui souhaite connaître son reste à charge presque instantanément.”

Atol Aulnay-sous-Bois

Magasin Atol à O'Parinor

Laurent Benassaia, à la tête d’un magasin Atol dans le centre commercial O’Parinor, à Aulnay-sous-Bois (93)

“On a ouvert pendant 1 an le dimanche mais ce n’était pas viable. Nous avons donc décidé de fermer après avoir négocié ardemment avec le bailleur du centre commercial. Le législateur veut que le travail dominical soit fait sur la base du volontariat. Or pour nos collaborateurs, le dimanche était le seul jour qu’ils pouvaient passer avec leur famille. Nous nous sommes donc retrouvés, ma femme et moi, à travailler tous les dimanches. L’objectif du gouvernement était d’inciter à recruter plus mais dans notre secteur, ce n’est pas si simple. Il faut que nos collaborateurs soient diplômés. Au-delà de mon simple cas, ouvrir le dimanche peut être un frein au recrutement. Déjà qu’il est difficile de trouver des opticiens, si on leur impose de travailler le dimanche, nous n’avons aucune chance.

Par ailleurs, les frais engagés pour l’ouverture du magasin un jour de plus dans la semaine rognaient sur la petite marge que l’on pouvait se faire. Autre dysfonctionnement : dans le cas où mes collaborateurs souhaitaient travailler le dimanche, il aurait fallu que je les paie le double et que je leur octroie un jour de récupération. Une difficulté supplémentaire pour la mise en place de l’ouverture dominicale que les législateurs n’ont pas pris en compte.”

Krys Velizy 2 

Magasin Krys à Vélizy 2

Cécile Cousin-Bertheau, directrice d’un magasin Krys dans le centre commercial de Vélizy 2, à Vélizy (78)

“Nous n’avons pas eu le choix, le centre commercial nous a imposé d’ouvrir le dimanche en mars 2018. Cela a tout changé et au quotidien la gestion des planning est assez compliquée. C’est plus subi que choisi mais il faut admettre que c’est un service supplémentaire pour les clients qui n’ont pas le temps de passer durant la semaine. Nous n’avons pas déployé de dispositif de communication auprès de notre clientèle, on s’est plutôt appuyé sur celui du centre commercial.

Le chiffre d’affaire réalisé le dimanche correspond en général à une petite journée de semaine. Mais il est trop tôt pour faire un bilan et dire s’il y a un véritable gain.”