Le vieillissement de la population française met en lumière une réalité bien connue des professionnels de santé comme les opticiens : l’accès aux soins visuels reste largement insuffisant pour les personnes âgées, dépendantes ou en situation de handicap, notamment ceux qui résident en Ehpad.
C'est la raison pour laquelle depuis janvier 2022 une expérimentation autorisant les opticiens à réaliser des examens de vue directement en Ehpad a vu le jour. Si elle s'est concentrée jusqu'à présent seulement dans 2 régions de la métropole (Centre Val-de-Loire et Normandie), le gouvernement a déjà annoncé son intention de l'élargir à l'ensemble du territoire dès 2026. Et si le bilan officiel de cette expérimentation n'a pas encore été réalisé, les retours sont positifs, de la part des opticiens, des résidents, du personnel des Ehpad, et des autorités publiques

Reportage sur le terrain

Cette réalité de terrain est illustrée dans notre reportage vidéo (voir en haut d'article) que nous avons réalisé dans l'Ehpad Beau Soleil à Ellon, dans le Calvados, fin novembre 2025. Nous avons suivi Alexandre Garreau, opticien mobile, lors d’un de ses déplacements auprès de résidents. 

En effet, chaque mois, il intervient dans une dizaine d’établissements et consacre une part essentielle de son activité à la coordination avec les équipes soignantes, les familles, les médecins traitants et les ophtalmologistes.

 

Un enjeu majeur face au vieillissement de la population


Sur place, dans des espaces adaptés du quotidien, il ajuste des équipements, renouvelle des corrections parfois vieilles de dix ans et redonne immédiatement de l’acuité visuelle à des résidents très mal compensés. Selon lui, près de 40 % des plus de 78 ans en Ehpad nécessitent une correction ou un suivi optique actif. Ces interventions améliorent non seulement la vision, mais aussi l’estime de soi et la qualité de vie des résidents, tout en évitant des rendez-vous médicaux inutiles. La directrice de l'établissement, Emilie Turpin, se félicite de ce nouveau service qui est proposé aux résidents. Cela évite des déplacements chez l'opticien qui sont toujours contraignants pour ces personnes âgées, et onéreux. L'objectif est aussi de rediriger les résidents qui en ont besoin chez l'ophtalmologiste, et l'opticien obtient plus facilement un rendez-vous lorsqu'il peut déjà décrire globalement l'état de santé du patient.

Collaboration entre les 3 "O" et téléexpertise

Alexandre Garreau souligne également l’enjeu humain et organisationnel du métier, et plaide pour le développement de la téléexpertise ophtalmologique, particulièrement adaptée aux personnes à mobilité réduite.

Expérimenté avec succès dans 2 régions, ce protocole de coopération démontre qu’une délégation encadrée et territoriale permet d’améliorer l’accès aux soins, sans remettre en cause les prérogatives médicales. Pour la filière optique, il s’agit d’un levier majeur de reconnaissance professionnelle et d’une réponse concrète aux enjeux de prévention, d’efficience et d’équité territoriale. Dans un contexte de tensions démographiques durables, la coordination entre opticiens et ophtalmologistes apparaît désormais comme une condition essentielle de la soutenabilité du système de soins visuels.