Les lunettes électroniques Lexilens, inventées en 2017 pour lutter contre la dyslexie, lauréates du Silmo d'Or en 2019, commercialisées depuis 2020, franchissent une nouvelle étape. Avec, il y a quelques jours, l'obtention de la certification Origine France Garantie, et dans quelques jours, le 1er et 2 juillet, leur mise en avant à l'Elysée à l'occasion de la Grande Exposition du Fabriqué en France. Cet évènement, créé en 2020, met à l'honneur auprès du public une sélection d'artisans, de producteurs et d'industriels qui s’engagent dans la fabrication française. En 2020, le verre progressif Varilux X Series y avait été exposé

Les lunettes Lexilens, développées par la start up Abeye, distribuées en exclusivité dans les magasins Atol, font partie des 124 produits sélectionnés sur 2 452 candidats pour l'exposition à l'Elysée.

Un modèle français

michael_kodochian_lexilens_abeye_ciannis_grea_droits_jusqua_fevrier_2028.jpg« C'est un outil innovant conçu et fabriqué en France, fondé sur une découverte scientifique française, qui a une influence bénéfique à un problème qui concerne près de 10% de nos compatriotes. Elles favorisent l’inclusion et promeut la citoyenneté », explique Michael Kodochian, fondateur et PDG de Abeye. « C'est un enjeu d'émancipation très important que les pouvoirs publics reconnaissent aujourd'hui, ce qui ouvre des portes au développement du produit ». 

Plébiscitées par les utilisateurs à travers deux études en janvier 2022 et en janvier 2023, les lunettes Lexilens ont satisfait 92% des porteurs. 86% d'entre eux ont constaté un progrès scolaire significatif. Notons également que de plus en plus d'orthophonistes reconnaissent leur efficacité. 

« Lexilens est encore nouveau, peu connu, et fait ses preuves au fur et à mesure. Actuellement, une 3e étude indépendante et approfondie sur plusieurs centaines d'enfants est en cours ». 

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Vers une distribution internationale

Si les lunettes Lexilens sont déjà certifiées dispositif médical et peuvent être mises à la vue avec un clip, elles coûtent aujourd'hui 449 euros. Cette nouvelle étude doit venir appuyer un dossier auprès de l'Assurance maladie pour demander l'établissement d'une prise en charge. Actuellement, il est possible de les essayer gratuitement et sans obligation d'achat chez tous les opticiens Atol. « Cette technologie est tellement nouvelle et inattendue qu'il faut le voir pour le croire. Depuis 2020, 4 500 unités ont été vendues dans le réseau Atol, et les particuliers du monde entier peuvent en commander sur notre site marchand. Depuis le lancement du produit, des dyslexiques de 36 pays, de la Nouvelle-Zélande jusqu'aux USA, ont pu bénéficier de ces lunettes avec une offre de 30 jours satisfait ou remboursé. Nous constatons environ 1% de retours ». Par ailleurs, Abeye développe des écrans d'ordinateur intégrant la même technologie que celle des lunettes, présentés il y a quelques jours au salon Vivatech. Aujourd'hui en phase d'industrialisation, le lancement de ce nouveau produit devrait avoir lieu fin 2023. 

Dans plusieurs pays, des réseaux de distribution, spécialisés en optique ou en services pour les handicaps, sont approchés pour imaginer un système de distribution. En France, l'Éducation Nationale semble de plus en plus intéressée. Environ 2 élèves par classe sont dyslexiques.

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Ces lunettes électroniques pour dyslexiques pèsent 35 grammes. Elles comportent une batterie et des verres actifs qui viennent moduler la lumière pour rendre l’image nette.

 

Des rétines parfaites

« Les organes du corps humains ne sont pas positionnés de manière symétrique », explique Michael Kodochian. « Le coeur est à gauche, le foie est à droite, certains sont gauchers, d'autres droitiers...le cerveau aussi est latéralisé, chaque zone traite certaines informations précises. Les mécanismes de la vision (et non de la vue) s’appuyent sur des composés organiques du corps, et la latéralisation du cerveau se prolonge dans l'oeil. Dans la rétine, au centre de la fovéa se trouve une zone minuscule dépourvue de cône bleus, qu'on apelle la tâche de Maxwell. Les non-dyslexiques ont une tâche de Maxwell circulaire dans un oeil, et une tâche de forme irrégulière dans l'autre oeil. Les dyslexiques ont une tâche identique dans les deux yeux, et rendent difficile de différencier certaines formes précises. 

Par exemple, lorsqu'un dyslexique lit le "b" de Bernard, il voit l'image primaire qui est le "b" de Bernard, mais aussi le "d" de David qui se superposent. Chez les non-dyslexiques, le "d" n'apparait que très faiblement, quasimment invisible. L'information est envoyée à la zone du cerveau qui traite la lecture et les dyslexiques ne dissocient pas les deux lettres : c'est un mélange du "b" et du "d" qui apparait. Pour lui, lire devient laborieux, nécessite plus de temps à déchiffer, impliquant une concentration intense qui devient fatiguante. Comprendre un texte est éprouvant et souvent décourageant ».

Manipuler la lumière pour tromper le cerveau

Lexilens, en modulant la lumière et en jouant sur les fréquences de scintillement, affaiblit instantanément le "d" de David en rendant l'image indésirable pour le cerveau. Ces lunettes permettent de passer du déchiffrage à la lecture, en lisant sans perdre sa concentration, donc de lire plus vite. Un enfant dyslexique est confronté à  beaucoup d’obstacles dans son apprentissage de la lecture, et s’il ne redouble pas d’efforts, il peut abandonner, et les conséquences sociales sont majeures. Nous sommes parvenus à redonner confiance à ces enfants, à leurs parents, et à leur donner de meilleures chances de s'épanouir dans la vie.