Suite à certains propos sur notre secteur, le Groupement des industriels a développé un argumentaire visant à combattre des idées reçues. Leur souhait : un débat apaisé qui dépasse les caricatures rapides et les promesses électoralistes. Ces 5 arguments peuvent être utilisés en magasin en réponse à certains clients. Nous reprenons in extenso les propos tenus du Gifo (Groupement des Industriels et Fabricants de l'optique). 

1. Les lunettes coûtent plus cher en France 

A produit et mode de distribution comparables, les prix hors taxe sont identiques, voire moins élevés que ceux constatés ailleurs en Europe. Le prix d'achat moyen de lunettes correctrices est 344€ en France, contre 388€ en Allemagne (Optical Monitor 2016, GfK). En France, le prix de vente des lunettes comprend 20% de TVA, quand elle est limitée à 3% au Luxembourg et à 4% sur les verres en Italie (European Commission, VAT rates 2017). Les Français ont accès à des équipements mieux adaptés à leurs besoins. A titre d'illustration, en 2015, 48% des Français étaient équipés en verres progressifs, quand seuls 24% des Italiens et 21% des Anglais avaient accès à cette technologie (Optical Monitor 2015, GfK).

2. Toutes les lunettes se valent 

Leur simplicité apparente fait oublier qu'il s'agit de produits de santé qui doivent répondre à des normes de fabrication et de conformité indispensables à la sécurité du patient. Peu discriminant, le marquage CE repose sur une auto-certification rarement contrôlée. Les matériaux, techniques et traitements utilisés n'offrent pas tous la même qualité de vision, ni les mêmes conditions de confort, de résistance et de durabilité des équipements.

L'optique est une industrie de haute précision pour délivrer les caractéristiques optiques exactes. Selon le modèle, entre 100 et 200 opérations sont nécessaires pour réaliser une monture. Quant au verre, certaines gammes nécessitent jusqu’à 65 étapes de fabrication. L’industrie doit gérer des centaines de milliers de références correspondant aux innombrables formules de corrections de chaque porteur. Les verres ophtalmiques sont réalisés pour une large part à l’unité, sur-mesure.

3. Il n'y a plus de fabricant de lunettes en France 

En France, environ 70 sites industriels fabriquent verres et montures, notamment en Bourgogne-Franche-Comté et en Auvergne-Rhône-Alpes. La filière compte 10 500 emplois directs (designer, régleur commandes numériques, soudeur, ingénieur nanotechnologie...) et rayonne à l'international avec 50% de son activité à l'export.

4. La régulation par les prix permet de lutter contre le renoncement aux soins en optique 

Le renoncement aux soins visuels est davantage imputable à un manque d'information sur les droits sociaux et à la complexité du parcours de soins, comme le démontre notamment l’étude Gallileo Business Consulting de 2015 pour Emmaüs Solidarité et VisionSoliDev. 

Des filets de protection sociale existent pour les plus fragiles. La CMU-C prend en charge une paire de lunettes par an. D’autres dispositifs existent, comme l’initiative portée par l’association Optique Solidaire pour les bénéficiaires de l’aide à la complémentaire santé (ACS).

Le marché offre déjà des solutions à tous les prix. Des offres adaptées aux petits budgets, à partir de 29 €, sont présentes dans tous les magasins.

5. Une prise en charge à 100% des lunettes permettra un meilleur accès aux soins  

La politique du reste à charge nul conduirait au contraire à une restriction de l’accès aux soins : nivellement par le bas des produits proposés, standardisation des solutions, au détriment des besoins plus rares ou plus spécifiques.

Elle rendrait inopérante toute politique de prévention et tarirait le financement de l’innovation, absolument essentielle dans une société où l’espérance de vie augmente et les besoins visuels croissent.

Elle accélèrerait l’importation de produits issus de pays à bas coûts au détriment de la fabrication locale, fragilisant toute une industrie et ses emplois directs et indirects en France.

Quelles solutions existent ? 

  • Assurer l'accès de tous à la santé visuelle en garantissant notamment la liberté de choix des patients : des produits, d’un professionnel, du financement et en poursuivant la dynamique de délégation de tâches aux orthoptistes et opticiens, tout en rappelant que l’ophtalmologiste est la pierre angulaire de la filière de santé visuelle. 
  • Autres propositions du Gifo : améliorer l'efficience de la prise en charge de la santé visuelle : suppression du plafonnement de la prise en charge des lunettes par les mutuelles et remboursements différenciés ainsi que l'application d'un taux réduit de TVA pour les lunettes au titre de la compensation d’un handicap, a minima pour toutes les aides visuelles des malvoyants. 
  • Garantir la qualité des produits mis sur le marché pour protéger les patients et lutter contre la concurrence déloyale des produits non conformes et améliorer la prévention.