De plus en plus, la téléconsultation apparaît comme une solution pour pallier aux difficultés d’accès aux soins dans les déserts médicaux. Dans les Hauts-de-France, DocRezo a commencé à se développer. Les trois premiers centres de télésanté ont ouvert fin octobre 2020 à Noyon (Oise), Hirson et Saint-Quentin (Aisne).

Des déserts médicaux, pâtissant du fait que les médecins s’installent plus facilement dans les métropoles que dans les villes moyennes ou plus petites. Dans ces zones, il faut pouvoir proposer des solutions de premier recours aux patients. « Certaines personnes n’ont pas vu d’ophtalmologiste depuis 3 ou 5 ans », explique pour acuite.fr Jean-Pascal Piermé, fondateur et directeur général de DocRezo. « Notre présence répond à une demande. »

En temps réel

Après prise de rendez-vous par téléphone ou sur le site, le patient est reçu par un orthoptiste ou une infirmière sous deux semaines dans le centre, qui est intégré dans une maison de santé. L'amétrope bénéficie alors d’une analyse complète de l’œil, réfraction objective et subjective, rétinographie, OCT, etc. Les résultats sont aussitôt envoyés à l’ophtalmologiste partenaire, qui n’assiste pas à la consultation par vidéo. « Un choix très clair, pour gagner du temps », justifie Jean-Pascal Piermé.

Et c’est à ce niveau-là que réside l’aspect fondamental du concept, qui tient à cœur au fondateur de DocRezo : le temps réel. « L’ophtalmologiste ne consulte pas les résultats des examens chez lui le soir, après sa journée de travail. Il le fait dès qu’il les reçoit. Son agenda est prévu pour. » De telle sorte que, si le médecin a un doute sur une image, il peut demander à son assistant de refaire aussitôt un examen.

Ordonnance délivrée juste après l’examen

Surtout, une fois la visite de téléconsultation terminée, le patient attend une dizaine de minutes en salle d’attente et reçoit sur place les résultats et explications nécessaires. « Quand il sort du centre, il dispose soit d’une ordonnance, soit d’une proposition de rendez-vous en présentiel avec l’ophtalmologiste pour approfondir les examens », explique Jean-Pascal Piermé.

« Cette continuité était importante pour nous. Nous voulions éviter que le patient angoisse ou se retrouve quelques jours après chez lui à recevoir un compte-rendu qu’il ne comprend pas. Là, tout est aussitôt décodé par l’assistant. C'est très rassurant. Les patients nous le disent. »

Pas de remboursement… pour l’instant

Et le partagent aussi autour d’eux, car, si Jean-Pascal Piermé s’en dit « surpris », les carnets de rendez-vous se remplissent vite dans les différents centres. Plus de 1 500 personnes ont déjà été prises en charge, malgré un prix de 55 euros non remboursé pour le moment, car les consultations sont en dehors du protocole Muraine. La structure du projet proposée ne correspond en effet pas aux conditions négociées lors de la signature de l'avenant 6 à la convention nationale des médecins. Cet avenant précise les conditions de réalisation des actes de téléconsultation. « Un accord devait arriver avec certains Ocam d’ici la fin du 1er trimestre », affirme le fondateur de DocRezo. « Nous souhaitons que le reste à charge diminue. »

Une étape importante qui accélérerait l’ouverture d’autres centres. « Une cinquantaine sont prêts partout en France », affirme Jean-Pascal Piermé. « Les locaux sont déjà choisis, etc. Mais nous adoptons une démarche prudente. La 1ère phase était de valider le projet médical. C’est fait car les patients sont satisfaits. La 2nde phase est la croissance, qui sera conditionnée à ces accords avec les Ocam. »

« Cela se passe très bien avec les opticiens »

Pour ce qui est de la relation avec les autres acteurs du secteur, Jean-Pascal Piermé est formel : « Nous nous plaçons comme complément, on n’est pas là pour se substituer aux autres. Voir son médecin reste toujours la meilleure solution. » Et pour ce qui est des opticiens : « Le lien se fait très vite, ils arrivent juste après nous dans le parcours. Cela se passe très bien avec eux, ils sont contents car ce sont des ordonnances qui arrivent vite. »