La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié une fiche de bonnes pratiques pour la mise en œuvre du télésoin à destination de 18 professions, et un rapport de 165 pages avec les dispositions pour chacune d’entre elles. Objectif : « accompagner les professionnels de santé concernés par la mise en œuvre du télésoin. » Les opticiens-lunetiers, tout comme les orthoptistes et les audioprothésistes, font partie de la liste.

Dans sa fiche générale, la HAS définit d’abord le télésoin : « forme de pratique de soins à distance utilisant les technologies de l'information et de la communication. Il met en rapport un patient avec un ou plusieurs pharmaciens ou auxiliaires médicaux dans l'exercice de leurs compétences. »

Le télésoin chez les opticiens

Dans les 5 pages consacrées aux opticiens, le but est de définir le périmètre et les publics pour lesquels les actes de télésoin sont à exclure, et d’élaborer des recommandations sur le bon usage et la qualité des pratiques relatives au télésoin. La HAS indique avoir rencontré Visaudio et le Rof fin 2019, dévoilant ce qui est ressorti de ces échanges.

Il est rappelé que le rapport Igas vise à améliorer l’accès à la filière de santé visuelle, qui rencontre des renoncements aux soins pour raison financière et par manque de couverture territoriale. En précisant que le nombre d’ophtalmologistes va continuer de diminuer et que les opticiens, du fait de leur maillage territorial et de leurs compétences, pourraient contribuer à l’amélioration de l’accès aux soins.

Pour l’instant, acte de réfraction interdit en télésoin

Est ensuite précisé que la réglementation en vigueur interdit la réalisation de l’acte de réfraction en télésoin. Il doit se faire « dans un magasin d'optique ou dans un local y attenant, conçu de façon à permettre une prise en charge dans les bonnes conditions d'isolement phonique et visuel et d'assurer la confidentialité des informations échangées par la personne lors de l'examen optique. »

« Des solutions techniques qui permettent de réaliser la réfraction à distance »

Le Rof considère que la réglementation est trop restrictive et qu’elle devrait évoluer pour rendre possible la réalisation de la réfraction en dehors du magasin. « Il existe des solutions techniques qui permettent de réaliser la réfraction à distance avec la présence d’un professionnel de santé sur place (auxiliaire médical, assistant médical, etc.) et d’un opticien à distance. Ces solutions pourraient être déployées en Ehpad, en MSP, etc. pour répondre aux besoins croissants de la filière et améliorer l’accès aux soins. »

Les opticiens mutualistes jugent eux le télésoin peu adapté car il est nécessaire de voir le patient pour le choix des lentilles, l’ajustage, la modification d’ordonnance, etc. Tous jugent cependant que le télésoin peut être intéressant dans les zones où les ophtalmologistes sont rares et où un patient pourrait en consulter un à distance en présence de l’opticien.

Des droits d’accès en écriture au dossier médical partagé du patient ?

Pour assurer la qualité et la sécurité du télésoin, les parties prenantes recommandent la mise en place de messageries sécurisées de santé pour les échanges entre ophtalmologistes et opticiens. Et, alors que la loi exige que l’opticien transmette le compte-rendu d’adaptation de correction au prescripteur, souhaiteraient aussi que ces les opticiens aient des droits d’accès en écriture au dossier médical partagé du patient (pour notamment y enregistrer le compte-rendu d’examen de réfraction). Un groupe de travail est en cours à ce sujet, et, alors qu’on en entendait parler depuis quelques temps, c’est la première fois que cela figure dans un document officiel de la HAS.

 

Découvrez la partie consacrée aux opticiens dans le rapport complet de la HAS en cliquant ici.

 

Pour lire la fiche de recommandations de la Haute Autorité de Santé, cliquez ici.

 

Pour le rapport complet avec les 18 professions, cliquez ici.