Selon une enquête dévoilée début février, 77 % des actifs français seraient favorables à la mise en place de la semaine de quatre jours, sans réduction du temps de travail hebdomadaire (baromètre de l'Économie AGPI, Challenges et BFM Business).

Un sujet dont s'est emparé à plusieurs reprises Gabriel Attal, qui a encouragé les administrations publiques à sauter le pas. Le Premier ministre y voit un « levier d'attractivité » ainsi qu'une « réponse aux nouvelles aspirations des travailleurs qui attendent plus de flexibilité et de personnalisation ».

Une idée qui progresse petit à petit

Manque de personnel, contraintes du métier, choix dans l'organisation du travail... le déploiement de la semaine de 4 jours dans notre secteur, qui intègre des activités comme la vente et le service client peut être parfois complexe, voire impossible, à mettre en place. 

Nous vous avons interrogés sur Acuité et vous avez été 2 283 à répondre à notre sondage. 27% d'entre vous ont déjà mis en place la semaine de 4 jours.

 

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« Je ne reviendrai pas en arrière »

lucie_sauerbrey_et_son_equipe.jpgLucie Sauerbrey, propriétaire d'un magasin Collectif des Lunetiers en zone périurbaine près de Metz : « Nous avons mis en place la semaine de 4 jours. Nous sommes quatre et nous travaillons tous 35h par semaine, de 9h à 18h, et le magasin reste ouvert le midi. Les horaires sont fixes et nous fonctionnons avec un système de rotation, ce qui fait que nous travaillons tous sur 4 jours ou 4 jours et demi.

Tout a commencé lorsque j'ai proposé à une première collaboratrice les après-midi du mercredi et du samedi. Quant à la deuxième, je lui ai soumis spontanément l'idée la semaine de 4 jours, sans qu'elle ne le demande, pour la garder à la fin de sa licence, car elle habite à 40 kilomètres du magasin. Mon mari travaille sur 4 jours et demi. Les jours de repos ont été adaptés aux besoins de chacun. Dans le même temps, nous avons mis en place la prise de rendez-vous, ce qui a contribué à fluidifier le passage en magasin.

Je n'ai constaté que du positif au sujet de la semaine de 4 jours, et je ne reviendrai pas en arrière. C'est à la fois un argument de recrutement, car les jeunes collaborateurs aspirent à un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et une organisation du travail épanouissante qui nous permet de maintenir une motivation sans faille pendant les heures de travail ».

 

Pas d'impact négatif sur le chiffre d'affaires

capucine_boileau.jpgCapucine Boileau, manager d'un magasin Écouter Voir en zone industrielle, dans le Puy-de-Dôme : « Lorsque je suis arrivée en 2020, la semaine de 4 jours était déjà en place. Nous nous sommes posé la question avec ma coordinatrice - qui a récupéré le secteur en 2019 - de savoir si nous pouvions conserver cette organisation sans que ça n'impacte le magasin. 

Aujourd'hui nous arrivons conserver ce système sur 4 jours, notamment grâce à l'organisation du planning qui permet une bonne gestion du magasin, même pendant les vacances de chaque collaborateur.

Le magasin est ouvert du lundi au samedi de 9h00 à 12h30, et de 13h30 à 19h. Nous sommes 3 collaborateurs et 1 apprentie.

Nous effectuons des rotations tout en faisant attention à être 3 le mercredi car c’est notre journée la plus chargée. Nous travaillons 36h par semaine, ce qui nous donne une matinée de récupération par mois, et nous avons même un samedi sur deux ce qui est aussi un très bon argument de recrutement. La semaine de 4 jours a amélioré notre confort et notre bien-être au travail, et a été un des argument de recrutement pour moi ».

 

Un critère de recrutement

nicolas_pauchet.pngNicolas Pauchet, multipropriétaire, Lille et périphérie : « Selon moi, tout dépend de la taille de la structure : en dessous de 4 collaborateurs, c'est difficile de passer à la semaine de 4 jours. 

Par exemple, dans l'un de mes magasins, indépendant, ils ne sont que deux collaborateurs. Ils travaillent 37,5h par semaine et ont leur dimanche et leur lundi de libre. Ce serait donc impossible à mettre en place. Il y aussi une question d’horaires : des magasins ferment entre midi et 14h.

En revanche, nous avons pu mettre en place la semaine de 4 jours dans un de mes magasins Atol en centre commercial, suite à la demande des collaborateurs. Les débuts ont été un peu difficiles : la réorganisation du planning a perturbé les habitudes des clients, comme ceux attachés à un vendeur en particulier. Dans le même temps nous avons été confrontés à un turn-over important. Les clients avaient aussi l'habitude de venir sans rendez-vous, ce qui a également changé. 

Pendant une petite année, nous avons observé une légère baisse du chiffre d'affaires mais difficile d'identifier ce qui est lié à la mise en place de la semaine de 4 jours et ce qui est lié au changement de collaborateurs.

Dans un contexte où le recrutement est difficile, je pense que la semaine de 4 jours est un critère important pour attirer les 20-27 ans ».