Pionnier de l'optique en centre commercial, Michel Pigerol a profondément marqué le paysage de la distribution optique en France. Cette figure emblématique de l'optique française, est décédée mardi 6 mai 2025. Il laisse derrière lui un héritage à la profession. Les nombreux collaborateurs qui ont croisé sa route sont émus de sa disparition. La cérémonie religieuse sera célébrée mercredi 14 mai 2025 à 10H30, en l'église de Saint Vigor de Carolles, place de la mairie à Carollles (50740).

Retour sur le parcours d'un homme visionnaire, empathique, discret voire timide, qui a marqué le métier.

 

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Michel Pigerol

 

Un parcours atypique

Fils de pharmaciens, Michel Pigerol a obtenu son BTS-OL à l'école de Morez en 1964.
Dès 1965, en association, il ouvre un magasin à La Celle-Saint-Cloud dans le centre Elysées 2. Une zone commerciale intégrée avec des habitations, prémices des grands centres commerciaux régionaux. Mais c’est en 1969 qu’intervient le véritable tournant de sa carrière. Il obtient à l’âge de 27 ans, grâce à sa force de persuasion auprès du promoteur, un emplacement dans le centre commercial régional Parly 2 (près de Versailles). Un tout nouveau concept en France, construit sur le modèle des "shopping malls" américains. Le pari est osé. Et nombreux sont ceux qui considèrent ce projet comme fou : 170 m² - une surface inédite alors que les magasins occupaient un espace moyen comprise entre 25 et 40m² (sauf Lissac Rivoli).

Innovation commerciale et développement

Le nom "Lynx Optique", fruit d'un brainstorming familial, devient rapidement synonyme d'innovation dans le secteur. Ce jeune opticien entrepreneur, va transformer les méthodes de vente. Pour cette clientèle de l'ouest parisien, constituée de jeunes cadres dynamiques aisés il range les blouses blanches aux placards et sort les montures enfermées jusque-là dans des tiroirs. Il les expose en "libre choix". Tout le stock devient visible et accessible au client qui peut les essayer librement.

Michel Pigerol a su identifier les attentes essentielles des porteurs : « qualité, sécurité par rapport au prix, services », répétait il souvent. Instaurant la garantie échange pendant 3 mois. Son leitmotiv : « Tout doit être fait pour déstresser le porteur ». Plus tard, dans un magasin de 600 m², à Belle Epine, il installera même une fontaine « pour créer une ambiance apaisée pour le client. »

Autres particularités de l'enseigne

Dès les années 80, il crée un poste d’attachée médicale pour favoriser les relations avec les ophtalmologistes.

Privilégiant la relation humaine, à chaque étape de son développement il a su s’appuyer sur des hommes et des femmes à qui il a fait confiance et qui lui ont rendu. Dès 1982, alors que Lynx Optique est présent dans tous les grands centres commerciaux d’Ile de France, il propose à des directeurs de magasins de s’associer pour s'étendre en région : à Lyon, Nice, Bordeaux… En 1984, il lance le réseau de franchise à Valence (26). Cette même année c'est également le début de l'aventure antillaise de l'enseigne, avec la pose de l’enseigne Lynx Optique à Pointe-à-Pitre.

L'internationalisation du groupe fait partie de ses projets. Il poursuit le développement en franchise en 1994 au Maroc, en Côte d’Ivoire, puis en Pologne dès 1999.

Autres acteurs qui ont participé au développement de Lynx Optique, les fournisseurs. L'entrepreneur ne s’en est jamais caché : « Sans l'aide de mes fournisseurs, je n'aurais pas pu développer Lynx », reconnaissait il. Sa stratégie reposait sur un principe simple : délais de paiement contre concentration des achats et fidélité.

La cession à Guildinvest

En octobre 2003, à 61 ans, après 34 ans de développement, c'est finalement à Guildinvest (Krys) que Michel Pigerol cède Lynx Optique qui comptait alors 124 magasins (47 succursales et 77 en franchise).

L'héritage d'un visionnaire

Michel Pigerol avait un mode de fonctionnement qu'il revendiquait : "l'intuition alimentée". « Je réfléchis longtemps, je consulte mes équipes, ma famille et je décide selon mon intuition. Cela m'a toujours réussi », confiait-il.

Interrogé, sur la personnalité qui avait le plus marqué le milieu optique, il citait sans hésiter Georges Lissac : « Je ne l'ai jamais rencontré mais il a toujours été mon modèle ».

Tous ceux qui ont connu Michel Pigerol évoquent sa vision, son humilité, sa simplicité et sa bienveillance.

La rédaction d’acuite.fr se joint à tous ses anciens collaborateurs, partenaires et amis pour adresser ses condoléances à sa femme Marie Claude et à ses enfants Nicolas, Frédéric, Pauline.

 

REPÈRES

  • 15 novembre 1942 : Naissance à Rueil-Malmaison (92)
  • 1964 : Obtention du BTS à l'école d'optique de Morez (39)
  • 1969 : Création de Lynx Optique et du premier magasin à Parly 2 (78)
  • 1980 : Rachat de 6 magasins en centre commerciaux
  • 1984 : Lancement de la franchise Lynx et création de Lynx Antilles
  • 1999 : Développement en Pologne
  • 2004 : Cession de Lynx Optique à Guildinvest (groupe Krys)

La cérémonie religieuse sera célébrée mercredi 14 mai 2025 à 10H30, en l'église de Saint Vigor de Carolles, place de la mairie à Carollles (50740).

 

Nous avons reçu à la rédaction, des témoignages d’estime, de sympathie et de regrets :

Alain Angotti, collaborateur en 1977 à Parly 2, puis directeur associé de 1981 à 1996 à Nice, franchisé de 2 magasins de 1997 à 2010 à Valence, Président de l’association des franchisés de 1998 à 2006 : « Michel Pigerol fût un grand chef d’entreprise, visionnaire et précurseur, adepte d’un mode de management transversal, impliquant ses collaborateurs dans les décisions et orientations commerciales. Bienveillant à l’égard de tous, modeste et humble, n’hésitant pas à donner sa chance à beaucoup de jeunes opticiens. Michel Pigerol a incontestablement contribué à donner à notre profession ses lettres de noblesse. Personnellement, j’ai une reconnaissance infinie pour la confiance qu’il m’a témoignée tout au long de ma carrière de gérant, puis de franchisé Lynx Optique ».

Laurent Mendelson, directeur de magasins Lynx Optique de 1982 à 1986 : « J’ai 2 mots qui me viennent à l’esprit pour qualifier Michel Pigerol : clairvoyance (voire acuité) et confiance. Il a compris dès 1969 l’opportunité de s’installer dans les centres-co et a su donner leur chance à de très jeunes opticiens, d’accéder à de réelles responsabilités… Un chef d’entreprise, très abordable, un peu paternaliste, auprès de qui j’ai, comme de nombreux confrères, beaucoup appris ».

Nadine Malca, rentrée chez Lynx comme collaboratrice en juin 1984 jusqu’à 1993, installée en franche au Maroc depuis 1994 (10 magasins en propre et 9 en franchise) : « Monsieur Pigerol a été mon guide et mon mentor. J’ai eu la chance de bénéficier tout au long de ma carrière de ses précieux conseils bienveillants et je n’oublierai jamais sa sagesse, son savoir et son humilité. Il y a 3 semaines, je l’ai encore eu au téléphone, lui disant qu’il se batte car on avait encore besoin de lui…»

Marie Noelle Jouany, déléguée médicale pendant 8 ans chez Lynx Optique : « C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Michel Pigerol. J’ai eu le grand privilège de le côtoyer pendant de nombreuses années chez Lynx Optique. Je garde de lui le souvenir d’un homme exceptionnel : juste, inspirant, et profondément humain.
Son engagement, sa vision et son expertise sont à jamais une source d’inspiration pour notre grande famille de l'optique. Avec mes très respectueux souvenirs ».

Catherine Cardin, décoratrice de 1980 à 2003 : « Je rends hommage à un homme exceptionnel qui m'a donné ma chance alors que je n'avais que 18 ans et m'a fait confiance pendant 23 ans. Sa bienveillance et son soutien ont été précieux tout au long de mon parcours, je lui en serai toujours reconnaissante et son souvenir restera gravé dans ma mémoire avec émotion et tristesse ».

Fatiha Fjedi responsable des agencements de 1990 à 2004 : « Je lui dis merci de m'avoir donné ma chance. Il a su me tirer vers le haut. Son exigence toujours empreinte de bienveillance, a permis à chacun d'entre nous de donner le meilleur. Il a été le meilleur patron que j'ai eu de toute ma carrière. Exigeant mais profondément humain. Professionnel inspirant, il donnait envie de l'écouter. Son management de fer dans un gant de velours a marqué chacun de nous ».