Combattre les idées reçues sur les prix des lunettes et mieux informer les Français sur leurs droits serait un premier pas dans l’accès aux soins optiques pour les publics précaires. Un constat établi par l’association Vision Solidarité Développement avec Emmaüs Solidarité, en partenariat avec Gallileo Business Consulting qui a mené une étude* en tant que mécène. Résultat : une part significative du public reçu (85%) dans le cadre associatif bénéficiait déjà d’une couverture santé garantissant une prise en charge totale ou partielle des soins en santé visuelle. Dans le détail :

- 15% sont bénéficiaires de la Sécurité sociale voire d’une mutuelle,

- 40% de la CMU-CMUC (Couverture Maladie Universelle – Complémentaire),

- et 30% AME (Aide Médicale de l’Etat).

Des prises en charge méconnues d’un public mal informé

Mais quels sont alors les freins réels au non-équipement ? Le manque d’information et de connaissance sur le système de santé visuelle est le facteur prioritaire dans plus de 6 cas sur 10, bien avant les raisons économiques (citées dans seulement 3 cas sur 10). S’ils disposent d’une couverture santé, une majorité n’en connaît ni les modalités ni les montants de remboursement auxquels elle est éligible. C’est notamment le cas pour 70%  des bénéficiaires de la CMU interrogés.

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Un parcours de soins contraignant, frein à l’insertion sociale et professionnelle

Et les difficultés d’accès au parcours de soins ne sont pas en reste. VisionSoliDev s’est aperçue que près de 70% des sondés n’ont pas vu un opticien depuis 2 ans au moins, voire ne s’y sont jamais rendues. Ainsi, l’accès, notamment aux cabinets d’ophtalmologistes, pénalise les personnes en situation de précarité dans leurs besoins élémentaires et constitue un frein à leur insertion sociale et professionnelle. Car la santé visuelle est une problématique-clé : 80% ressentent une gêne notable liée à leur non-équipement et 1/3 a une vision défaillante impactant fortement la qualité de vie.

Opticiens, ophtalmologistes, pouvoirs publics : tous mobilisés !

Quelles sont alors les solutions à mettre en place ? 74% des personnes interrogées se disent prêtes à retourner dans parcours classique « Ophtalmologue – Opticien » mais ce « sera difficile pour plus d’1 personne sur 4 », note VisionSolidDev. Pour l’association, il existe toutefois des pistes concrètes « sous condition d’une appropriation coordonnée du sujet par la filière optique et les autorités publiques ». Aussi, elle souhaite :

- sensibiliser la filière à l’accueil de ces publics,

- la simplification du parcours et des formalités de prise en charge par les pouvoirs publics,

- informer et former les travailleurs sociaux qui accueillent les publics précaires.

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*Enquête réalisée par Gallileo Business Consulting du 1er au 5 décembre 2014 auprès de 115 personnes en situation de précarité. Détails de l’échantillon : entre 22 et 76 ans (70% > 40 ans), 69% d’hommes.