Invitée ce week end au Congrès des Audioprothésistes à Paris, Mathilde Lignot-Leloup, directrice de la Sécurité sociale, a participé à un échange avec Luis Godinho, président du Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf), sur la réforme du reste à charge zéro en audio.
Les audioprothésistes, inquiets de la tournure de la concertation
L’occasion pour ce dernier de revenir sur l’engagement des audioprothésistes dans cette réforme : « Nous souhaitons une meilleure prise en charge des Français en audio. Nous avons à cet effet fait au ministère de la Santé des propositions concrètes. Au-delà, nous tenons à rappeler que cette amélioration de l’accès aux soins audio aura des implications sociales et économiques, compte tenu des liens démontrés entre perte d’audition, dépendance, dépression et démence chez les personnes âgées. Pour 1€ investi en audio, ce sont 10€ qui seront économisés par les comptes publics ! »
Luis Godinho n’a pas caché les inquiétudes des professionnels à l’issue des premières réunions à la Direction de la Sécurité sociale : « Nous sommes préoccupés de la tournure des discussions et des pistes évoquées : suppression du financement forfaitaire, remise en cause de l’indissociabilité des appareils et des prestations, intégration des assistants d’écoute dans le panier de soins nécessaires. Attention à un choix comptable qui ferait l’impasse sur la prévention ! ».
Assurance maladie obligatoire, Ocam et prix des équipements
En réponse, Mathilde Lignot-Leloup a souhaité lever les « malentendus » et précisé la méthode de concertation : « Notre méthode repose sur la concertation avec les professionnels de la filière qui nous ont remis leurs propositions. Lors des premières réunions avec les représentants de l’audio, nous avons mis sur la table l’ensemble des pistes de réflexion. Et nous travaillons sur l’évolution de la nomenclature qui n’est plus adaptée et qui devra tenir compte des évolutions technologiques. » Elle a également rappelé que, pour arriver à un accès aux prothèses auditives pour tous, « une meilleure prise en charge par l’assurance maladie est nécessaire, tout comme une réflexion sur la prise en charge par les Ocam et sur les variations importantes de prix des appareils. Il faut aussi impliquer les patients et, en particulier, mettre en place des mesures de la qualité perçue des appareils. Concernant les « assistants d’écoute », « nous vous avons écouté. Ils ne peuvent pas faire actuellement partie du panier de soins RAC 0. »
Un calendrier maintenu
« Nous devons aboutir à un avis de projet de nomenclature début avril, qui marquera le début des concertations officielles sur les différents scénarios de prise en charge, avec valorisation des prestations de suivi. Nous prenons le temps mais notre calendrier est maintenu, car il faut avancer rapidement : nous souhaitons un accord d’ici mai. Au-delà du remboursement, nous souhaitons une réforme globale d’amélioration de l’accès aux soins », a déclaré Mathilde Lignot-Leloup. Elle passe par une clarification du parcours de soins et du champ d’intervention des différents professionnels, la mise en place d’un dépistage et l’information des patients sur les nouvelles modalités de prise en charge.