Alors que le confinement « va encore durer dans le temps, plusieurs semaines », selon les propres mots de Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique sur le Covid-19, de son côté, l’assureur-crédit Coface s’est penché sur les conséquences de cette crise sanitaire à l'échelle mondiale. Sans surprise, les prévisions ne sont guère optimistes.

Vers une récession plus importante que lors de la crise financière de 2008-2009

Ainsi, Coface prévoit en 2020 la première récession de l’économie mondiale depuis 2009 : -1,3% (vs +2,5% en 2019). Au total, 68 pays pourraient être touchés (vs 11 en 2019). Lundi 6 avril, Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, a prévenu que la France pourrait connaître sa pire année de récession économique depuis 1945. Bruno Le Maire s’attend à un recul du PIB, au-delà des -2,2%. Ce chiffre révisé ensuite à -2,9% a été enregistré par la France en 2009 après la crise financière de 2008. Il s’agit du plus mauvais score à ce jour depuis 1945.

Le tendance se confirme. Au premier trimestre 2020, le produit intérieur brut (PIB) français a chuté d'environ 6%, selon une estimation publiée mercredi 8 avril par la Banque de France.

Bond de 25% des défaillances d’entreprises en 2020 ?

Dans son baromètre, la société en assurance-crédit prédit une hausse de 25% des défaillances d’entreprises dans le monde en 2020. Ce serait « la plus forte croissance depuis 2009 ». « Le risque que les entreprises ne puissent pas rembourser leurs crédits sera en très forte hausse et ce même si l’on se place dans un scénario où l’activité économique redémarrerait graduellement dès le 3e trimestre et en excluant l’hypothèse d’une 2e vague d’épidémie au second semestre », souligne Coface.

Défaillances plus élevées aux Etats-Unis qu’en Europe

Ces défaillances d’entreprises pourraient augmenter de 15% en France, en dépit des mesures annoncées par le gouvernement pour éviter la faillite. Les prévisions sont encore plus inquiétantes aux Etats-Unis (+39%) et au Royaume-Uni (+33%). L’Italie (18%) et l’Espagne (+22%) ne sont également pas en reste. Seule l’Allemagne, qui prévoit un déconfinement le 19 avril prochain serait moins touché (+11%). « Cela peut paraître paradoxal de voir les défaillances plus élevées aux Etats-Unis qu'en Europe alors que la récession devrait y être moins marquée » mais aux Etats-Unis, « le secteur des services a davantage de petites structures fragiles avec une profitabilité assez faible », indique Julien Marcilly, chef économiste de la Coface, à nos confrères de Boursorama.

Bien préparer l’après-crise

Selon l’économiste Denis Ferrand, de l’institut de conjoncture Rexecode, c’est en sortie de crise et donc au redémarrage de l’activité, que les entreprises pourraient se retrouver fragilisées. En effet, les dispositifs d’aide du gouvernement tels que le chômage partiel sont « transitoires » et les entreprises devront s’acquitter ensuite des loyers reportés ou encore du versement décalé des cotisations sociales.

Ralentissement des dépenses pendant le confinement

Dans ce contexte, la capacité des Français à consommer sera déterminante. A ce sujet, Denis Ferrand se veut optimiste. Chez nos confrères de Franceinfo, il a estimé que leur taux d’épargne pourrait croître de 15% des revenus disponibles à 20%. En cause : des économies réalisées par les foyers pendant le confinement. L’étude de l’Observatoire Cetelem effectuée par Harris Interactive* au mois de mars le confirme : 75% des Français estiment avoir ralenti leurs dépenses et réaliser des économies depuis le début du confinement. Un élément positif pour le redémarrage de la consommation dès la fin du confinement.

Ralentissement des dépenses pendant le confinement

 

 

 

*Enquête en ligne du 20 au 24 mars 2020. Échantillon de 1 536 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus.