Après avoir donné la parole aux dirigeants des grandes enseignes, Acuité interroge les centrales d'achats. Jean-Luc Sélignan, président de Club OpticLibre, fait le point sur les actions de sa centrale pendant le confinement et sur l'avenir des opticiens indépendants.

De nombreux conseils prodigués aux opticiens indépendants

Chez Club OpticLibre, les équipes ont continué de travailler pendant le confinement afin d'accompagner les opticiens. « Entre le 15 mars et le 11 mai, on leur a donné un maximum de conseils concernant les loyers, le chômage partiel, le report des charges fiscales et sociales, leur financement, etc. », explique Jean-Luc Sélignan. « Chez nous, les opticiens sont libres et indépendants, mais pas isolés. C'est important car, pendant cette période de crise sanitaire, on devient vite isolé si on n'a pas un interlocuteur avec qui échanger. »

Des contacts qui se sont avérés très utiles pour la reprise de l'activité. « Ceux qui ont rouvert en suivant nos recommandations ont fait des scores bien supérieurs à ceux qui ne les ont pas suivies ». Et cette différence se traduit dans les chiffres : « Certains sont à -20%, d'autres à +20% ». Des disparités expliquées par le travail effectué en amont, notamment dans la relation avec le client.

« Aujourd'hui, le monde effraie le monde »

Pour Jean-Luc Sélignan, les opticiens indépendants seront « remis en selle » par la crise, grâce notamment à leur attractivité vis-à-vis des consommateurs. « Il sont proches de leurs clients, ne serait-ce que géographiquement. Dès la réouverture, les magasins de centres-villes ont mieux évolué que ceux des centres commerciaux. Normal, aujourd'hui, le monde effraye le monde. »

La fidélité du client pour son opticien sera désormais encore plus vraie qu'elle ne pouvait l'être avant. « Elle sera la même qu'avec son médecin traitant et les opticiens indépendants devront assumer ce statut de professionnel de santé, avoir la compétence, les instruments et le matériel. Ce sera difficile pour certains qui ne possèdent pas de salle de réfraction. »

Le professionnel de santé avant tout

Ce statut de professionnel de santé prend une importance encore plus grande aujourd'hui. « La reprise montre que les opticiens sont sur un marché de biens de santé, plus résilient que des marchés plus fluctuants comme celui du textile », constate Jean-Luc Sélignan. « L'optique répond à un besoin médical et, à l’avenir, l’opticien indépendant qui met en avant son côté professionnel de santé sera plus écouté que celui qui proposera simplement une offre commerciale. »

S'il est encore trop tôt pour dresser des bilans, après un mois d'activité, le président de Club OpticLibre a mis en place un observatoire avec un groupe de quelques opticiens représentatifs et constate une faible vente de solaires, un prix de vente moyen stable chez les opticiens généralistes, mais plus élevé que d'habitude dans les magasins premium et créateurs. « Leurs clients veulent des produits plus qualitatifs qu’avant. Certains veulent aussi se faire plaisir. » À l'opticien de s'adapter aux nouvelles tendances de consommation.

« Il va y avoir des défaillances »

Mais tout le monde ne s'en sortira pas. « Contrairement à ce que l’on pense, il va y avoir des défaillances chez les opticiens situés dans des emplacements ne correspondant plus à l’optique. » Le président de Club OpticLibre fait référence tant aux plus petits qu'aux grands magasins d’enseignes situés dans les grands centres commerciaux régionaux. « Ceux qui étaient déjà faibles avant, qui étaient déjà endettés, pourraient connaître des problèmes en fin d’année. »

Pour sa centrale, Jean-Luc Sélignan se montre optimiste : « Il y a des sociétés qui vont traverser la crise beaucoup mieux que d'autres. Il y aura un nouveau paysage de la filière optique et Club OpticLibre sera au cœur de celui-ci. Tout le monde ne pourra pas en dire autant. L'outsider que nous étions il y a 10 ans, sera, comme annoncé depuis longtemps, la première centrale pour opticiens indépendants de France et de Belgique en 2021. »

 

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