Depuis 2014, Novacel et Streetlab, filiale de l’Institut de la Vision, travaillent conjointement sur l’évaluation des verres progressifs par test au porté sur la base de retours subjectifs relevés par des questionnaires de satisfaction. « Ces expériences ont donné lieu à deux lancements de verres chez Novacel. Mais, elles ont également mis en évidence les limites de la méthode subjective dans l’évaluation des différences entre les verres. C’est pourquoi nous avons initié il y a 1 an avec Streetlab le projet de définir des critères d’évaluation objectifs et chiffrés pour différencier les verres progressifs », a expliqué Jenkiz Saillet, directeur général de Novacel lors de la présentation des résultats de ces premiers tests au porté objectifs.

L’étude, qui a coûté 120 000 € pris en charge par Novacel (50%) et Streetlab (50%), a été menée auprès de 35 personnes, d’âge moyen 55 ans, dont 14 primo-porteurs et 24 porteurs confirmés. Les axes de test ont été déterminés en fonction des besoins rapportés par les utilisateurs dans les précédentes études subjectives : alternance vision de près et vision intermédiaire (vitesse de réponse), étendue horizontale de vision intermédiaire, déplacement avec franchissement d’obstacle (évaluation de la vitesse de déplacement et de la marge de sécurité). Et les résultats ont porté sur 2 designs de verres différents : un design « hard » (concentration des zones d’aberrations vers la périphérie du verre) et un design « soft » (répartition plus douce des puissances optiques).

Tous les verres progressifs ne sont pas adaptés à tous les porteurs

Sur 2 axes de test (alternance vision de près et vision intermédiaire, déplacement avec franchissement d’obstacle), il apparaît qu’un verre avec un design soft » est mieux adapté au comportement des primo-porteurs, tandis que les porteurs confirmés s’adaptent mieux avec un verre au design « hard », ce que n’avait pas révélé de façon suffisamment discriminante l’évaluation subjective sur la base d’un questionnaire auprès des porteurs testés. La tâche d’étendue horizontale de vision intermédiaire doit être repensée car elle n’a pas mis en évidence de différence significative. « Cette première étude est un début. Elle nous conforte dans l’idée qu’un bon verre progressif est celui qui correspond à l’amétropie, l’âge, le comportement et les habitudes du porteur. Et c’est la première fois que nous pouvons objectivement le mesurer », a précisé Jenkiz Saillet.

Une 2e phase de l’étude ouverte à tous les verriers

Une 2e phase d’étude est programmée dès janvier prochain pour aller plus loin et, sur la base de ces critères de performance objectifs, évaluer les différences entre verres progressifs haut de gamme et verres progressifs entrée de gamme. Cette phase permettra également d’élaborer de nouvelles tâches discriminantes comme axes de test et, surtout, d’élargir le nombre de porteurs testés. « Tous les verriers qui souhaitent se joindre à cette 2e phase sont les bienvenus », a souligné Jenkiz Saillet. « Nous sommes vraiment au début d’une démarche essentielle pour les acteurs de la filière optique dans le contexte actuel : démontrer objectivement que tous les progressifs ne sont pas adaptés à tous les porteurs ».