Diplomé du BTS OL en 2010 à Morez (39), Ghislain Sixdenier,  28 ans, a créé son magasin La lunetterie bressane dans une petite commune de Saône-et-Loire (71) en octobre 2018. En plus de son activité d’opticien, votre confrère propose ses services à domicile, réalise des photos d’identité et va devenir relais de la poste. 

Autant de solutions pour lutter contre la désertification rurale tout en se différenciant et en attirant de nouveaux clients. Rencontre avec Ghislain Sixdenier... 

Acuité : Sur quels critères avez-vous remporté le trophée de l’initiative au début du mois de novembre ?

Ghislain Sixdenier : Le trophée, remis par l’Agence de développement économique de la Bresse Bourguignonne, soutient et promeut l’esprit d’initiative en milieu rural. Parmi les 400 candidatures envoyées cette année, pour la 7e édition, j'ai obtenu la 1re place.

L’audace de s’installer dans une zone rurale, le fait de proposer presque exclusivement des montures fabriquées en France, mon service à domicile… sont autant de critères qui ont touché le jury. Ce prix permet de valoriser le territoire. Ce n’est pas parce qu’on est éloigné d’une grande ville qu’on vit loin des enjeux de notre époque. Consommation responsable, made in France, service à la personne… Ma manière d’exercer prend tout cela en compte.

Ghislain Sixdenier - La lunetterie Bressane

                       Intérieur de La lunetterie bressane 

A. : Expliquez-nous ce que vous proposez ? 

G. S. : Je propose mes services à domicile, je réalise des photos d’identité et, dès février, je vais endosser le rôle de relais poste commerçant (vente de timbres, retrait d’argent, récupération de colis…). C’est une manière pour moi de participer au maillage local et d’assurer la pérennité de ces activités dans la commune. 

J’aurais aimé qu’il existe ce genre de services pour ma grand-mère. Quand les personnes âgées vivent seules à la campagne et que leurs enfants viennent les voir une fois par an, ils n’ont pas le temps d’aller chez l’opticien. Alors si on peut les aider….

A. : Est-ce un moyen de vous différencier ? D’attirer de nouveaux clients ?

G. S. : Les deux. Je pense notamment à la rentrée, lorsque les enfants doivent fournir une photo d’identité pour une licence de sport par exemple. Ils me sollicitent pour les photos et il suffit qu’ils aient un coup de cœur pour une monture pour que cela déclenche un achat.

Je suis le seul opticien de ma ville, certes, mais certains clients viennent de loin pour acheter un équipement optique. Proposer du Made In France (hormis pour les 2e paires offertes et quelques montures en titane) est également un atout. Je travaille beaucoup avec des lunetiers jurassiens, et, contrairement à ce que mes clients pourraient croire, les prix de ces collections ne sont pas si élevés. 

A. : Comment gérez-vous toutes ces activités en plus de votre magasin ?

G. S. : Je suis seul à gérer mon point de vente. Mes journées sont bien remplies mais je ne me plains pas car, grâce à tout ça, j’ai atteint mon objectif pour cette première année. J’ai même fait +50% !  Prochain objectif : recruter un collaborateur.