La réforme 100% Santé définit de nouvelles règles de prise en charge audioprothétiques et instaure un dialogue renforcé entre audioprothésistes et ORL. Les explications d’Acuité.
Lors du congrès de l'Unsaf (Syndicat national des audioprothésistes) qui s’est déroulé les 22 et 23 mars derniers, une table ronde réunissant audioprothésistes et ORL a détaillé les nouvelles modalités de la prise en charge et l'adaptation des tests et mesures audioprothétiques liées aux obligations du 100% Santé.
Quelles obligations pour les audioprothésistes ?
La nouvelle nomenclature instaurée par le 100% Santé prévoit de nouvelles règles qui impactent directement les approches de prise en charge des audioprothésistes :
- le port d’un badge d’identification ;
- un bilan préalable nécessaire : seuil tonal par oreille, recherche des seuils d’inconfort ;
- un bilan préalable obligatoire : audiométrie vocale dans le silence (AVS) et dans le bruit ;
- la proposition obligatoire d'un appareil de classe I ;
- une période d’adaptation probatoire de 30 jours (45 jours dans les cas d’implant envisagé) ;
- un compte-rendu minimal transmis sous 7 jours au prescripteur et au médecin traitant ;
- le déclenchement de l’envoi au patient du futur questionnaire de satisfaction (à paraître courant 2019) ;
- des bilans à 3, 6 et 12 mois ;
- au-delà de la première année, un suivi biannuel « recommandé » ;
- un rendez-vous à 24 mois avec de nouveau déclenchement de l’envoi du futur questionnaire de satisfaction ;
- le suivi par télétransmission avec passage de la carte vitale du patient à chaque visite.
Ces règles ne sont pas nouvelles pour tous les audioprothésistes. Certains les mettent déjà en pratique. Toutefois, leur caractère obligatoire et les nouveaux éléments imposés amènent une réflexion sur l'optimisation des approches de la prise en charge.
Gain d’efficience et optimisation du temps
La réforme impose désormais à l'audioprothésiste d'envoyer un compte-rendu standardisé sous 7 jours au médecin prescripteur, qui devient coordonnateur de la prise en charge diagnostique et thérapeutique du patient. Cette nouvelle démarche peut sembler simple. Néanmoins, elle nécessite un dialogue accru entre les deux professions, notamment sur les matériels et logiciels utilisés lors des tests et mesures audioprothétiques, pour aboutir à un discours commun et cohérent dans la prise en charge.
Le 100% Santé exige également que soient définis des seuils plus précis pour la perte auditive : les critères de prise en charge sont étendus, avec l'ajout d'une analyse de la compréhension dans le bruit.
Avec le cahier des charges très précis que doivent suivre les audioprothésistes lors de chaque rendez-vous, le temps devient donc le facteur crucial de la réforme du 100% Santé. Yves Lasry, audioprothésiste, y voit toutefois « une formidable occasion de revoir nos protocoles et autres flux de travail, de disséquer chacun de leurs paramètres pour les optimiser en précision mais aussi en temps de réalisation ». Pour gagner en efficience, il suggère l’audiométrie vocale adaptative parmi les nombreuses pistes possibles : ce protocole adapte en effet les niveaux après chaque réponse du patient, permettant de déterminer rapidement le seuil d'intelligibilité.