Les premiers pays commencent à se déconfiner, mais beaucoup en ont encore pour plusieurs semaines. Comment les opticiens à l’étranger vivent-ils cette situation et s’organisent-ils ? Quels sont les dispositifs d’accompagnement dont ils disposent ? Acuité vous propose une série de témoignages de vos confrères. Celle-ci nous emmène aujourd'hui en Espagne.

Le dernier bilan fait état de 204 178 cas avérés et 21 282 décès liés à la pandémie de Covid-19. Il s'agit du 3e pays le plus touché au monde derrière les États-Unis et l'Italie. Pour le moment, le confinement est prolongé jusqu'au 9 mai sans que la date n'ait été décrite comme finale. Aussi, le PIB du pays pourrait chuter jusqu'à plus de 12% selon la Banque d'Espagne, du fait de la crise.

Voici donc le huitième épisode de notre série avec Esther Sanchez Gomez, opticienne-optométriste dans un magasin de l’enseigne MiOptico à Madrid.

 

Acuité : Quel est l'état d'esprit de la population ?

Esther Sanchez Gomez : Après plus qu'un mois de confinement, la population est fatiguée de rester chez elle. Mais, en même temps, elle a peur de sortir car l’épidémie n’est pas encore contrôlée. En outre, nous manquons de matériel de protection (masques, gels hydroalcooliques, gants…) et les tests de dépistage sont très insuffisants. Toutefois, d’une manière générale, la population garde le moral.

 

A. : Les magasins d'optique ont-ils poursuivi leur activité pendant le confinement ?

E.S.G. : Les magasins d'optique sont considérés comme un commerce de première nécessité. Mais les équipes n'ont pas le matériel nécessaire pour protéger nos clients, donc ils restent fermés. Néanmoins, nous restons en contact avec eux par téléphone, SMS, e-mail... pour les réparations ou les commandes de lentilles de contact. Pour gérer les urgences, nous nous déplaçons en magasin. C’est uniquement lorsque nous n’avons pas d’alternative. Notre souhait : apporter un vrai service durant cette période. Notre directeur général prépare tous les jours des colis pour les porteurs grâce à son stock de lentilles de contact, produits d’entretien, piles auditives… 

 

A. : Comment la profession s'est-elle organisée ?

E.S.G. : Pratiquement tous les magasins ont fermé par manque de protection. La plupart des salariés sont au chômage partiel. Le e-commerce s'est développé pendant le confinement et nous avons procédé à des changements rapides pour faire face à cette situation. Nous avons contacté nos clients via notre base de données pour leur proposer un service d’envoi de lentilles de contact ou pour gérer les urgences. MiOptico a publié sur les réseaux sociaux ses services et nous avons eu de nombreux nouveaux clients.

 

A. : Quelles mesures allez-vous prendre lors de la reprise de l’activité ?

E.S.G. : L’enseigne MiOptico, qui compte 72 points de vente en Espagne, est en train de préparer un plan de réouverture pour assurer la sécurité de tous. Il comprend l’achat de masques, gants, gels hydroalcooliques ou encore la désinfection des magasins. Pour le nettoyage des montures, nous utilisons un process de désinfection à l’ozone et rayon ultraviolet. La technologie UV désinfecte tous types de surfaces sans affecter la structure des matériaux. Ces machines sont déjà utilisées dans les centres de beauté et chez les coiffeurs. La sécurité sanitaire est fondamentale pour le personnel et pour faire revenir nos clients en magasin.

Process de désinfection à l’ozone et rayon ultraviolet

Process de désinfection à l’ozone et rayon ultraviolet

 

A. D’une manière générale, quelle sera concrètement votre méthode de travail dès la réouverture ?

E.S.G. : La reprise sera progressive. Nous allons nous adapter aux circonstances et ajuster les horaires aux besoins de nos porteurs. Le nombre de personnes en magasin doit être limité et la distance de sécurité maintenue. Pour le choix de montures, nous envisageons de proposer une sélection pour nos clients.

 

A. Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ?

E.S.G. : Je souhaite retrouver la même routine que j'avais avant le confinement et j'espère que la reprise sera bonne, mais je sais que nous allons connaître des moments difficiles. Il est incontestable que beaucoup de choses vont changer dans notre manière de travailler et dans la pratique d’un examen de vue par exemple.

 

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