Le cabinet Asterès Etudes & Conseil publie les résultats de son étude économique sur la filière visuelle en France consacrée à l’analyse de l’impact de la technologie sur les besoins en ophtalmologie.

3 Français sur 4 portent aujourd'hui des lunettes

Un rapport du cabinet Asterès Études & Conseil, mené en partenariat avec Point Vision, fait état des besoins des Français en ophtalmologie et des perspectives de soins d'ici 2030 et plus. On y apprend que le taux d’équipement de1998 à 2019 a progressé de près de 60%. De 48%, le pourcentage de porteurs de lunettes est passé à 76 %. Soit 3 français sur 4. Alors que le nombre d'ophtalmologistes stagne et que leur présence sur le territoire est inégale.

Le vieillissement de la population est un facteur majeur de la demande croissante. 67% des plus de 65 ans vont chez leur ophtalmologiste une fois par an. Les hospitalisations pour maladies de l’œil, comme la cataracte, ont aussi augmenté logiquement, de 25% entre 2010 et 2017.

Une sous-densité ophtalmologique dans certaines régions

Plus de patients, plus d'actes par patient... mais peu d'ophtalmologistes supplémentaires, ce qui crée un déséquilibre entre l'offre et la demande de soins. En découlent des délais d'attente élevés. Certaines régions se trouvent ainsi en sous-densité ophtalmologique (cf la cartographie réalisée par notre confrère Bien Vu Les Enjeux du 14 octobre 2020).

La majorité des recommandations du rapport Igas, et notamment l'extension de la durée de validité des ordonnances de 3 à 5 ans, répondent à ces problématiques. L'étude Astarès estime qu’entre 2020 et 2030, il sera possible de faire face à la demande en consultations d’ophtalmologie en appliquant au mieux les dispositions mises en place récemment, incluant la télémédecine et l'Intelligence Artificielle (IA).

La télémédecine : l'avenir ?

« Sur tous ces points, le rapport Igas voit juste », commente François Pelen, cofondateur du groupe Point Vision, que nous avons contacté. Il apprécie notamment la recommandation : « Fixer et élargir la liste des matériels d’exploration non invasifs utilisables par les opticiens-lunetiers et les orthoptistes, en autonomie et sous le contrôle des ophtalmologistes ». Aussi, depuis l'an dernier, les ophtalmologistes ont l'autorisation d'ouvrir un cabinet secondaire et d'y installer du matériel de téléconsultation.

« La téléconsultation règle un problème géographique », affirme François Pelen. « Elle peut être effectuée partout avec le bon équipement et, quand un trouble est détecté, le patient est alors redirigé vers un plus grand centre. » Ce bon équipement est en effet indispensable : « En télémédecine, quand l'ophtalmologiste n'est pas sur place, il faut que l'appareil soit très performant dans le cadre de l'utilisation de l'IA, car le cliché de fond d'oeil, par exemple, doit être parfait pour pouvoir travailler dessus. »

Nicolas Bouzou, directeur du cabinet de conseil Asterès, ajoute : « L’innovation technologique, notamment l’intelligence artificielle, est le principal facteur de réduction des délais d’attente en santé visuelle. En omettant les progrès technologiques, les politiques publiques risquent de créer une offre excessive et difficile à réguler. Il faut prioritairement augmenter le temps médical grâce à l’IA et à la télémédecine. »

« Nous pouvons nous en sortir sans renverser la table »

En revanche, le cofondateur de Point Vision est ferme : donner aux opticiens la possibilité de primo-prescription serait une erreur : « La ligne rouge serait franchie. Pour la santé publique, ce ne serait pas raisonnable, et des dérives budgétaires importantes pourraient suivre. » Se pose aussi la question de la formation des professionnels de santé se voyant donner cette autorisation. Plus de problèmes que de solutions pour François Pelen: « Nous pouvons nous en sortir sans renverser la table. »

S'appuyant sur le très intéressant rapport Igas, François Pelen appelle toute la filière à collaborer : ophtalmologistes, opticiens, orthoptistes. Et ce dans l'intérêt de la santé visuelle des français.