Le lycée Fresnel, établissement historique de formation des métiers de l’optique, doit accueillir d’ici 2025 les effectifs (400 élèves) de l’école hôtelière Jean Drouant. Certains enseignants craignent la poursuite de la déclassification du lycée Fresnel et la diminution des vocations.

Une pétition lancée il y a quelques jours par Martial Coué, enseignant au lycée Fresnel, a accéléré les débats. D’un côté la nécessité d’optimiser l’exploitation des locaux, de l’autre la baisse du nombre d’élèves dans l’optique depuis une dizaine d'années.

La pétition met en avant la fermeture des classes de bac technologiques STL (sciences et technologies de laboratoire) et STI2D (sciences et technologies de l'industrie et du développement durable). Leur fermeture réduirait les sources de recrutement en BTS, selon l'auteur de la pétition.

Le bac pro lunetterie est maintenu en l’état, et deux classes supplémentaires de BTS OL en apprentissage seront ouvertes l'an prochain. 

Le BTS OL à temps plein, lui, passera dès l’année prochaine de 3 à 2 classes, le nombre d’élèves allant en diminuant : pour l’année scolaire 2021 – 2022, l’établissement peut accueillir en théorie 84 élèves en première année, et 72 élèves en 2e année. Mais il ne devrait en rester que 60 en 2e année l’an prochain. Face à cette baisse des effectifs, la relocalisation du lycée Drouant fait craindre que cela fasse de l'ombre aux formations en optique. Pourtant, faire cohabiter deux filières d'excellence pourrait tout à fait être enrichissant à la fois pour le secteur de l'optique et pour celui de l'hôtellerie, et permetterait de stabiliser à long terme la situation de l'établissement. 

 

Une érosion amorcée depuis une dizaine d'années

Cécile Arbault, proviseur du lycée Fresnel, qu'Acuité a contacté, souhaite rappeler certains faits, sans pour autant nier les difficultés dans lesquelles se trouve l’établissement. « Ce bâtiment prestigieux très bien situé est la propriété de la Région Île de France. Y relocaliser l’école hôtelière Drouant n’empêche pas que nous cohabitions en bonne entente. Le bâtiment dispose de nombreux locaux actuellement vides qu’il est regrettable de ne pas exploiter. La problématique n’est pas liée à Drouant, mais à une érosion du nombre d’élèves, une érosion amorcée depuis une dizaine d'années. La chute démographique parisienne (en IdF on a perdu 6000 élèves à la rentrée 2021), la réforme du bac national, expliquent une partie de cette problématique. Nous avons des salles vides comme au 5e étage du bâtiment où était stocké du matériel ancien qui n’était pas exploité depuis des années, il a été récupéré par la Région qui en est propriétaire. Les formations ont changé, et il faut faire face aux enjeux auxquels nous sommes confrontés ».

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Le BTS SP (systèmes photoniques) sera maintenu, avec 48 élèves en première année et 39 élèves en 2e année. La formation va cependant prendre moins de place physiquement dans l’établissement.

Mais comme le rappelle Françoise Evrard, enseignante retraitée du lycée Fresnel, « aujourd’hui il y a beaucoup d’écoles qui forment des ingénieurs en optique, mais de moins en moins de techniciens. On a multiplié le nombre d’écoles, mais le travail manuel est toujours dévalorisé. Heureusement l’alternance ça fonctionne encore. Cela maintient encore un peu le niveau mais les formations ont tendance à se contracter ».

Dans ce contexte délicat, Cécile Arbault veut voir le bon côté des choses : "Nous avons aujourd'hui 388 élèves, le bâtiment peut en accueillir environ 800. Amener l'école hôtelière Drouant dans nos murs pourrait être enrichissant pour ces deux filières d'excellence".