Depuis la fusion EssilorLuxottica, vous êtes nombreux à vous poser la question du poids qu’occupe cet acteur mondial. Encore plus depuis l’acquisition de GrandVision. Mais pour la première fois un fournisseur majeur devient concurrent de ses clients sur le marché français, avec ses enseignes GrandOptical et Générale d’Optique. Acuité a entendu vos interrogations et nous avons posé directement ces questions à Francesco Milleri, directeur général et à Paul du Saillant, directeur général délégué.

 

Acuité : Quelle va être votre stratégie de mise en avant des marques au sein des magasins GrandVision ? 

Francesco Milleri : Depuis que nous avons racheté GrandVision, avec GrandOptical et Générale d’Optique, le paysage concurrentiel sur le marché français est resté le même. Notre présence a comme objectif d’améliorer le marché de l’optique, la qualité des produits et donc d’augmenter la capacité de business et de rentabilité grâce à la force et à la légitimité de nos marques. Ceci pour tout le secteur.

Toute l’industrie d’optique française et le retail va bénéficier des investissements qu’on fera dans nos magasins et dans toute l’industrie. Nous l’avons déjà démontré aux USA, quand, il y a plus de 25 ans, nous avons acheté des chaînes d’optique. Tout le monde a bénéficié de la synergie. Plus d’investissements, une présence renforcée, de la compétition mais surtout la qualité des services et la qualité des produits : toutes nos actions ont apporté des avantages aux opticiens.

 

Acuité : Comment allez-vous concrètement gérer ces positions de partenaire et de concurrent ?

F.M. : Nos principaux clients sont les opticiens indépendants et les grandes chaînes françaises. Nous visons à les faire grandir grâce aussi aux nouvelles technologies. Nous porterons les technologies numériques dans tous les magasins. C’est notre philosophie, celle d’être ouverts et d’aider tout le monde. EssilorLuxottica apporte de la qualité sur le marché et la qualité des opticiens indépendants sera améliorée.

Nous croyons que notre présence en France, avec une petite part de marché* en retail, ne changera pas le paysage concurrentiel. Donc les opticiens, nos clients, doivent se sentir rassurés parce que nous voulons que le plus grand nombre de consommateurs puisse accéder à nos produits, à nos verres et à nos marques, qu'ils aient le choix des gammes au niveau des prix et des canaux d’achat.

 

Acuité : Que dites-vous aux opticiens français inquiets face à la concurrence des magasins GrandVision ?

Paul du Saillant : C’est un sujet très important qui, personnellement, me tient énormément à cœur. Ça n’a jamais changé ; ça ne va pas changer. Nos partenaires opticiens, ainsi que les ophtalmologistes, ont un rôle majeur dans le développement de nos produits.

C’est historique pour nous. On est partenaire des opticiens indépendants. Partenaire de ceux avec qui on travaille depuis des décennies. On a créé les catégories avec eux, on a travaillé main dans la main avec eux et ce serait complètement fou de ne pas continuer ce voyage qui a réussi à tout le monde. Qui a réussi à la profession, aux opticiens et a bénéficié aussi aux consommateurs. C’est super clair dans notre tête avec Francesco, nous voulons continuer. La preuve, nous sommes en train de renforcer nos programmes vis-à-vis des opticiens indépendants. Le fait que GrandVision soit dans le giron d’EssilorLuxottica, c'est très bien car ça reste dans l'industrie optique.

Si on fait un rapide calcul, le groupe a 18 000 magasins dans le monde dont 4 000 points de vente solaires type Solaris ou Sunglass Hut, ce qui nous amène à 14 000 magasins qui délivrent des équipements optiques. Comparé aux 400 000 opticiens partenaires indépendants avec qui nous travaillons dans le monde entier, c’est vraiment peu. Autre chiffre : 75% de notre activité est liée à la vente des équipements optiques à nos clients opticiens, indépendants ou dans les chaînes.

Faire passer ces messages, c’est mon travail. C’est le travail de Chrystel Barranger** et de nos équipes : être au contact de nos clients, être très proche d’eux, être à leur côté en leur apportant les meilleurs produits, les meilleures technologies et les meilleurs services, c'est très important pour qu’ils puissent apporter la santé visuelle au plus grand nombre.

 

* Selon le hors série, L’Observatoire du marché - Bien Vu 2019, la part de marché estimée de GrandOptical en 2020 était de 4 % et de 8 % pour Générale d’Optique.

** Chrystel Barranger est Présidente d’EssilorLuxottica Professional Solutions pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (EMEA). À ce titre, elle pilote l’ensemble des activités BtoB d’EssilorLuxottica. Et en parallèle, continue à diriger la filiale Transitions Optical.