Optique / Pharmacie : en marche pour un même combat ?

Un collectif de pharmaciens sans appartenance syndicale s'est mis en place depuis le 1er janvier pour « défendre les officines et l'intérêt de leurs usagers ». Une mobilisation qui n'est pas sans rappeler la naissance du groupe « Les opticiens ne sont pas des pigeons » suite au dépôt de la loi « Le Roux » et qui a donné naissance à l'association des Opticiens Lunetiers Unis. En effet, comme notre secteur, celui de la pharmacie semble dans le collimateur du Gouvernement : de « nouvelles baisses de marge avec la fermeture programmée de 5 000 officines, les menaces de distribution des médicaments non remboursables en grandes surfaces et les déserts médicaux » inquiètent les officines.

Marges et magasins en ligne de mire

Annoncée autant que redoutée en optique, la saturation du nombre de points de vente est déjà une réalité pour les pharmacies et ce malgré une implantation strictement réglementée. Selon l'Ordre, une pharmacie ferme tous les trois jours en moyenne. Hier encore, Ouest-France relatait les cas de quatorze officines bretonnes en redressement judiciaire. « En cause, un trop grand nombre de pharmacies et une baisse des marges », écrit le quotidien. Ce sont ces derniers points notamment que dénonce le collectif. En effet, si le Gouvernement a souhaité réguler le nombre de magasins d'optique et les marges des opticiens au travers des réseaux de soins à numerus clausus, du côté de la pharmacie une réforme s'annonce. « Deux des trois syndicats de pharmaciens ont accepté de signer, en fin de semaine dernière, un protocole d'accord avec l'Assurance maladie qui pose les bases d'un profond changement pour leur rémunération », explique lesechos.fr.

Aujourd'hui essentiellement calculés en pourcentage des prix de vente, les revenus des pharmaciens seraient amenés à être moins dépendants des prix des médicaments. Le protocole signé prévoit ainsi l'instauration d'un « honoraire de dispensation » (80 cts par boîte au 1er janvier 2015 puis 1 euro en 2016) et d'un honoraire pour chaque ordonnance d'au moins cinq produit (50 cts). En contrepartie, les marges devront être revues à la baisse pour les médicaments onéreux.

« Pour la première fois, près de la moitié de la marge des pharmaciens sera déconnectée du prix des médicaments », s'est félicité Frédéric Van Roekeghe, directeur de l'Assurance maladie. Cette dernière estime que 84% des officines seraient gagnantes. La réforme représenterait au total une hausse de leur rémunération de 45 millions d'euros, répartie à peu près à égalité entre la Sécurité sociale et les mutuelles. Pour le collectif de pharmaciens, elle serait davantage synonyme de « nouvelles baisses de marge avec la fermeture programmée de 5 000 officines ».

Produits d'entretien de lentilles et médicaments non remboursés en supermarchés ?

Certains monopoles réservés aujourd'hui aux professionnels de santé tendent à être supprimés. En effet, les articles 17 quater A et 17 quater B du projet de loi relatif à la consommation, demandant la libéralisation de la vente des produits d'entretien pour lentilles de contact et des tests de grossesse, ont été définitivement adoptés par l'Assemblée nationale le 16 décembre dernier. Si la loi n'est pas encore votée dans son intégralité, une deuxième lecture devant le Sénat étant prévue à la fin du mois, le Gouvernement soutient ces mesures « qui permettent de soumettre à davantage de concurrence la vente de produits pour lesquels un monopole n'est pas justifié », selon le ministre à la Consommation, Benoît Hamon.

En revanche, ce même Gouvernement a récemment pris position en défaveur de la libéralisation de la vente des médicaments sans ordonnance, un marché de 2 milliards d'euros en France. Toutefois, le sujet risque fort de revenir rapidement sur la table des discussions puisque l'Autorité de la concurrence s'est prononcée en décembre dernier en faveur de l'ouverture de la vente de certains médicaments et produits dans les parapharmacies ou les supermarchés. La France pourrait ainsi rejoindre la Suède, la Norvège ou le Portugal qui, à l'instar de la Grande-Bretagne, ont sauté le pas.

De nouvelles missions pour rebondir

Face à ces constats, l'Observatoire des métiers et des professions libérales a récemment présenté deux scénarios pour la croissance future du secteur des officines. Dans le premier cas, « une absence de réaction de la profession dans un contexte de concurrence accrue, la réponse à la crise se fait par une réduction forcenée des coûts, sans vraie redynamisation de l'offre ». Conséquence : une perte d'emploi d'ici 2015 estimée entre 11 000 et 12 000 postes par rapport à 2010 (sur une base de 105 000 à 110 000 emplois). Le deuxième scénario est celui d'une profession « qui prend place dans le nouveau paysage de la santé ». A la clé ? Concentration des réseaux mais surtout développement de nouvelles offres, avec des stratégies plus ciblées, des rayons spécialisés et des missions de conseil valorisées. Dans ce cas, la perte d'emploi d'ici 2015 est évaluée à... 3 000 à 4 000 postes.

Des perspectives à méditer dans un secteur de l'optique aux constats et perspectives pas si éloignés