Un opticien d'Hagondange (Moselle) poursuivi pour exercice illégal de la médecine après avoir renouvelé, en avril 2009, les lentilles de contact d'une de ses clientes, vient d'être relaxé par la justice. Ce procès, initié par le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France), a été relayé par Le Républicain Lorrain ainsi que par l'UDO (Union des opticiens), qui a publié sur son site Internet les articles du quotidien local. Dans son édition du 30 avril, celui-ci précise que "les magistrats ont considéré qu'un opticien est habilité à adapter les lentilles de contact". Le tribunal a considéré que, dans cette affaire, "aucun diagnostic et aucune prescription de traitement n'ont été réalisés" et que "le professionnel n'a pas outrepassé ses compétences". Le Docteur Jean-Bernard Rottier, président du Snof, estime à l'inverse qu'il y a eu diagnostic : "L'opticien a écrit à l'ophtalmologiste que sa cliente présentait des néo-vaisseaux et qu'il décidait de changer ses lentilles" nous a-t-il expliqué.
"Seule la qualité du produit a été changée"
Le Républicain Lorrain reprend les arguments des deux parties. "Le délai pour obtenir un rendez-vous chez l'ophtalmologiste est très long. Nos clients nous demandent souvent de réaliser ce contrôle visuel. Je fais systématiquement un compte-rendu que j'adresse ensuite à l'ophtalmologiste. Cette patiente avait une ordonnance de moins d'un an et on l'a dépanné. Il s'agissait d'un simple contrôle de lentilles, seule la qualité du produit a été changée" a expliqué l'opticien, en précisant que la collaboratrice ayant effectué l'examen était titulaire d'un diplôme d'optométrie. "En voyant l'oeil rouge de sa patiente, la collaboratrice de mon client en a déduit que c'était lié à la qualité des lentilles. Il n'y a eu ni diagnostic ni prescription d'un traitement" défend son avocat, Me Patrick-Hugo Gobert.
Henri-Pierre Saulnier, président de l'UDO, nous a quant à lui annoncé que son syndicat "attend le jugement afin de l'analyser". "Nombreux sont les ophtalmologistes qui adressent les patients à nos confrères pour adapter les lentilles, en parfaite harmonie. Arrêtons l'hypocrisie ! Nous avons toujours déclaré que nous ne cherchons pas l'affrontement, mais voulons évoluer en parfaite complémentarité avec les ophtalmologistes" a-t-il commenté.
Le Snof animé par une "question de santé publique"
Pour l'avocat du Snof, il y a, à l'inverse, exercice illégal de la médecine "pour toute personne qui prend part au traitement d'une maladie". "En touchant cet oeil, le prévenu et sa collaboratrice ont pris un risque. De plus, l'optométrie n'est pas reconnue en France" argue Me Anatole Saindelle. Le Docteur Jean-Bernard Rottier nous a annoncé que le Snof fera appel de cette décision.
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