La télémédecine débarque en France. Ou plutôt, elle se légalise. Un décret publié au Journal officiel le 19 octobre dernier autorise désormais cette pratique sous certaines conditions, y compris pour les ophtalmologistes. Acuité.fr décortique pour vous la réforme.
Qu'est ce que la télémédecine ?
La télémédecine renvoie à un ensemble de pratiques variées. La plupart du temps, seule la consultation d'un médecin à distance (télé-consultation) est mise en avant. Mais la télémédecine, c'est aussi la télé-expertise (un praticien sollicite l'avis d'autres experts), le suivi médical à distance ou encore la télé-assistance médicale (un praticien assiste un autre professionnel de santé lors de la réalisation d'un acte).
Les ophtalmologistes font-ils déjà de la télémédecine ?
Oui. Plusieurs expérimentations de télémédecine dans l'ophtalmologie ont déjà été mises en oeuvre. L'AP-HP a par exemple lancé en 2004 le réseau OPHDIAT (Ophtalmologie Diabète Télémédecine) afin d'améliorer le dépistage de la rétinopathie diabétique. Le principe : une photographie du fond d'oeil est réalisée à l'aide d'un rétinographe par des personnels non médecins formés à cet effet. Les clichés sont ensuite transmis par Internet à un ophtalmologiste spécialisé qui réalise le diagnostic.
Que change le décret pour la filière optique ?
« Le texte reconnaît l'existant », explique Jean-Bernard Rottier, président du syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF). « Les ophtalmologistes pratiquent déjà beaucoup la télé-expertise. Même si, pour le moment, nous ne sommes pas rémunérés pour le faire ». Le décret du 19 octobre, qui découle de la loi Hôpital patients santé territoires (HPST), donne un cadre légal à la télémédecine. Jusqu'ici, elle n'était rendue possible que dans le cadre de l'expérimentation. Le décret devrait donc permettre de développer ce type de dispositifs. « Peut-on mettre un orthoptiste dans une zone isolée et l'épauler avec un système de télémédecine ? », s'interroge ainsi Jean-Bernard Rottier. Avant de répondre : « Pourquoi pas. Mais on n'en est pas encore là ». En ce qui concerne les opticiens, l'arrivée de ce texte ne devrait pas avoir de conséquences directes, toujours selon le docteur Rottier.
Sur quoi portent les critiques de la télémédecine ?
Aujourd'hui, les critiques se concentrent surtout sur la télé-consultation, jugée déshumanisante et trop risquée. « Nous n'y croyons pas. C'est souvent réducteur et ça ne permet pas de recueillir toutes les données nécessaires à un bon diagnostic », explique Jean-Bernard Rottier. Une analyse qui semble en phase avec les doutes actuels des patients. Dans un sondage réalisé par le groupe Pasteur Mutualité et publié le 3 novembre, seuls 17% des Français interrogés se déclarent prêts à utiliser Internet pour consulter un médecin.