La télémédecine en ophtalmologie gagne du terrain. Mi-août, nous avions évoqué une initiative privée avec le lancement de la plateforme E-ophtalmo, un projet de télémédecine pour le dépistage de la rétinopathie diabétique

L'AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) s'y investit également au travers de son projet RetinOpTIC. Son objectif : développer un dispositif médical d'imagerie numérique de la rétine, à faible coût, délivrant une qualité d'image équivalente et utilisable par les non-spécialistes, pour faciliter le dépistage de la rétinopathie diabétique, de la Dégénérescence Maculaire liée à l'âge (DMLA) mais également le glaucome. 

La rétinopathie diabétique, principale cause de malvoyance parmi la population en âge de travailler dans les pays développés, touche 5% de la population, (347 millions de personnes dans le monde selon l'OMS) dont 4 millions en France. De son côté, la DMLA concerne 12% de la population entre 65 ans et 75 ans dans tous les pays. 

Dépistage massif grâce à un système innovant 

Face ces préoccupations, le projet RetinOpTIC s'appuie sur un système complet, certifiable en tant que dispositif médical et basé sur des nouveaux algorithmes de traitement d'images exécutables dans des serveurs. Il s'agit ainsi de dépister massivement les pathologies oculaires et de palier l'insuffisance connue d'ophtalmologistes en France. Pour mémoire, l'atlas de la démographie médicale en France, publié récemment par le Conseil National de l'Ordre des Médecins, faisait état d'un recul de 5,4 % du nombre de praticiens entre 2007 et janvier 2016, soit 5 091. 

Comment fonctionne-t-il ? Dès la prise de vue réalisée en quelques secondes, le système engendrera instantanément un compte rendu indiquant si une anomalie a été détectée, avec indication du degré de confiance associé, selon nos confrères du magazine DSIH. Pour les cas douteux ou avérés, les patients seront invités à consulter un ophtalmologiste et le degré d'urgence sera précisé. A l'heure actuelle, le projet est encore à un stade embryonnaire. 

Un financement conséquent de l'Etat français

Labellisé par les pôles de compétitivité Systematic et Medicen, ce projet retenu dans le cadre du 19ème appel à projets du Fonds Unique Interministériel (FUI) est partiellement financé par l'Etat français (via BPI France) à hauteur de 1,8 millions d'euros pour une investissement de 4,1 millions d'euros. Outre L'AP-HP, il associe l'entreprise Degetel, Effilux, une société réalisant les systèmes d'éclairage LED, les écoles ParisTech et Mines ParisTech de l’Institut des sciences et technologies de Paris, l’école d’ingénieur Télécom Bretagne, l’Institut d’optique Graduate School ainsi que les éditeurs informatiques Evolucare et ADCIS. Degetel, chef de file du consortium et d’intégrateur de contributions techniques tierces au sein des systèmes complexes, valorisera sa plateforme d’objets connectés (IoT) afin d'apporter  aux cliniciens des informations annexes les aidant à affiner leur diagnostic. Cette plateforme aura, ainsi, la tâche de récupérer des données brutes issues de tous les dispositifs médicaux tiers ou de toutes les bases de données externes d’intérêt, par des moyens de communication conformes aux standards utilisés, précise la société Degetel dans un communiqué. Le projet RetinOpTIC s'étalera sur 3 ans, de 2016 à 2018.