Les résultats de la première étude épidémiologique française sur la progression myopique chez les enfants, lancée en 2016 par le CHU de Poitiers en collaboration avec Krys Group et dirigée par le Pr Nicolas Leveziel, viennent d'être publiés. Ces résultats révèlent que la progression maximale de la myopie intervient entre 7 et 12 ans. Ils permettent de mieux définir la cible prioritaire pour agir avec les dispositifs existants (orthokératologie, contactologie et verres de freination myopique).

Cette première étude française de grande ampleur sur la myopie fournit des éléments importants pour mieux connaître l’incidence et la prévalence de la myopie ainsi que les tranches d’âge où on peut agir pour ralentir sa progression. Son analyse porte sur les données anonymisées collectées par 696 magasins Krys Group de 2013 à 2019 auprès de 4,7 millions de personnes (613 000 enfants, dont 136 333 sont myopes*).

Un pic de progression entre 7 et 12 ans

« Premier résultat global : sur la cohorte d’enfants, nous avons enregistré 25% de « progresseurs », c’est-à-dire pour lesquels la myopie s’accroît de plus de -0,50 D par an », commente le Pr Leveziel. Un pourcentage significativement différent, selon la tranche d’âge :

  1. 20,6% des 4-6 ans
  2. 33,1% des 7-9 ans
  3. 29,4% des 10-12 ans
  4. 22,3% des 13-15 ans
  5. 14,9% des 16-17 ans

« La moyenne de progression est plus forte entre 7 et 9 ans chez les enfants les plus myopes. On a pu mesurer également la proportion d’enfants qui vont développer une myopie forte dans les 5 ans : ceux entre -3 et -4D ont 16% de risque d’avoir une myopie forte, entre -4 et -6D, il s’élève à 58% », ajoute le Pr Leveziel. Qui rappelle que, selon le rapport de l’OMS de 2015, on pourrait atteindre 10% de forts myopes en 2050, et qu’on a évalué il y a 6 ans le coût global de cette amétropie dans le monde à 300 milliards de dollars.

« Difficile de communiquer à partir de notre étude sur une prévalence par tranche d’âge, compte tenu de certains biais. Mais, avec 24% de myopes parmi les enfants de notre panel, nous devons être cependant proches de la réalité. L’important est surtout que nous pouvons désormais « cibler » la tranche d’âge à laquelle il est impératif d’agir : à partir de 7 ans pour les enfants dont la myopie est supérieure à -3D. »

Informer les parents et former les opticiens

« Cette étude est importante car elle conforte l’intuition que nous avions : la myopie chez les enfants est un sujet majeur dont les professionnels de santé doivent s’emparer. D’autant que des réponses précises et des solutions existent pour freiner la progression de la myopie infantile », commente Patrice Camacho, secrétaire général en charge de la santé de Krys Group. « L’étude va se poursuivre et, d’ores et déjà, nous avons formé les 900 opticiens Krys pour qu’ils puissent guider les parents sur les bons comportements à adopter avec leurs enfants (limitation des écrans, sorties à l’extérieur, etc.) et sur les dispositifs existants. » Krys Group communique, en parallèle, les résultats de l’étude et les moyens de freination de la myopie auprès des ophtalmologistes et orthoptistes dans un premier temps, puis des pédiatres.

*Amétropie inférieure à -0,5 D ; âge moyen de l’étude : 11 ans ; erreur réfractive moyenne : -2 D.