Dès 2010, acuite.fr vous signalait qu’une bonne correction de la vision aidait les personnes âgées à se prémunir contre le vieillissement cérébral et cognitif, notamment à prévenir la maladie d'Alzheimer.
Dans une nouvelle étude publiée début décembre, des chercheurs ont démontré que les participants ayant subi une ablation du cristallin avaient près de 30 % de risque en moins de développer une démence que ceux qui n'avaient pas subi de chirurgie de la cataracte après avoir contrôlé de nombreux risques supplémentaires. En comparaison, le risque de démence ne différait pas entre les participants ayant subi ou non une chirurgie du glaucome, qui, elle, ne restaure pas la vision. L’étude a été menée par la Docteure Lee et son équipe de l’université de Washington.
Des raisons physiologiques et psychologiques
Plusieurs mécanismes peuvent sous-tendre à cette association entre l'opération de la cataracte et le risque de démence. La déficience visuelle entraîne des difficultés psychosociales, un retrait des interactions sociales et une réduction de l'activité ou de l'exercice, tous associés à un déclin cognitif. La déficience visuelle liée à la cataracte peut diminuer l'apport neuronal, accélérer potentiellement la neurodégénérescence ou amplifier l'effet de la neurodégénérescence par atrophie corticale. Le cortex visuel subit des changements structurels avec une perte de vision. Chez les patients atteints de dégénérescence maculaire néovasculaire liée à l'âge, la perte de vision était associée à une atrophie du cortex visuel au cours d'un suivi de 5 ans, et une augmentation du volume de matière grise a été observée après chirurgie de la cataracte. Enfin, la compensation du déficit d'entrée visuelle peut augmenter la charge cognitive et exacerber le déclin cognitif.
La qualité et la quantité de lumière sont en jeux
Un risque plus faible de développer une démence après l'extraction de la cataracte peut également être associé à une augmentation de la quantité et de la qualité de la lumière. Il a été démontré que les cellules ganglionnaires rétiniennes intrinsèquement photosensibles (ipRGC), qui sont extrêmement sensibles à la lumière à courte longueur d'onde (bleue), sont associées à la fonction cognitive, au rythme circadien et à la MA. Les ipRGCs se projettent dans plusieurs zones du cerveau et leur excitation peut déclencher une activité corticale étendue. La teinte jaune des cristallins liées à l'âge bloque la lumière bleue. Ainsi, un autre mécanisme potentiel pour lequel l'extraction de la cataracte est associée à une diminution du risque de démence est la facilitation de la stimulation ipRGC par la lumière bleue.
L’étude publiée par Jama Internal Medicine a été réalisée auprès de 3038 adultes âgés de 65 ans ou plus atteints de cataracte et inscrits dans l'étude « Adult Changes in Thought ». L'étude ACT a commencé au cours de la période de 1994 à 1996, est une étude de cohorte prospective en cours, basée sur la population, d'adultes âgés sélectionnés au hasard et recrutés parmi les membres de Kaiser Permanente Washington, puis suivis jusqu'à ce que le développement de la démence.
Voyant un certain nombre de personnes âgées en EHPAD dans le cadre de mon activité, j'ai été frappé par la proportion de déments et de gens confus parmi les déficients visuels profonds.
Ce qui parait logique après réflexion: être coupé de la réalité (beaucoup de surdité pour couronner le tout) en permanence ne doit pas aider au maintien de bonnes facultés cognitives...
Il serait utile à mon sens de déterminer la part de personnes âgées sous les 2/10 avec pour seule cause un simple manque de correction optique, et si les conclusions de cette étude s'appliquent aussi à ce cas. J'en vois au moins un ou deux à chaque journée de dépistage en EHPAD.
Imaginez le drame: le déclin cognitif d'une personne pour une cause aussi facilement évitable que le simple fait de porter des lunettes adaptées...