La journée nationale de l’audition 2023 se déroule aujourd’hui, jeudi 9 mars 2023, sur le thème « Petites oreilles, grands risques ». Centrée autour de l’audition de l’enfant, la campagne de prévention organisée par l’association JNA invite les professionnels de l’audition répartis sur l’ensemble du territoire à proposer des dépistages et des actions de sensibilisations.

« Nous sommes intéressés aux travailleurs, aux seniors, aux adolescents…. Mais jamais aux enfants. Nous avons vu poindre des conduites à risque au fil des années : l’écoute de musique avec des écouteurs et des casques notamment. Et nous avons vu que cette pratique glisse vers les plus jeunes âges. Nous avons donc interrogé les parents pour avoir une image de ce qui se passait chez les enfants », nous a expliqué Jean-Luc Puel, président de l’association des Journées nationales de l’audition et directeur de l’Institut des neurosciences de Montpellier.

Une absence de norme chez l’enfant

L’une des principales causes de la surdité chez les jeunes concerne les modes d’écoute de la musique, avec des écouteurs ou des casques, qui ne fait qu’augmenter en temps et en volume sonore. Les impacts chez les jeunes sont de plus en plus visibles au sein des enquêtes successives sur la santé auditive des Français.

« Les oreilles des enfants sont beaucoup plus fragiles que celles des adultes. Leur conduit auditif est plus petit que le nôtre et le son arrive plus près du tympan, plus amplifié que chez l’adulte. Même si ça ne crée pas des surdités visibles immédiatement, ça va provoquer un vieillissement précoce de l’oreille qui surviendra à 40 ans au lieu de 60, par exemple », précise Jean-Luc Puel. « Nous avons des normes bien définies pour les adultes – ne pas dépasser 80 décibels pendant 8h – mais pas pour les enfants. On entend parler de 72 ou 75 décibels mais on ne sait pas trop comment ça a été calculé ».

En ce qui concerne les bonnes pratiques, le professeur Puel en appel au bon sens mais précise que selon lui, « ce n’est pas la peine de mettre des écouteurs ou un casque sur les oreilles d’un enfant de 10 ans », d’autant plus qu’on ne contrôle pas le volume lors de l’écoute.

1 parent sur 2 estime être mal informé

Si près de 2 parents sur 3 (63%) se sentent bien informés sur les déficiences visuelles (63 %) derrière les otites (69 %) et très loin derrière le Covid-19 (84 %), la surdité et les acouphènes sont en queue de peloton des sujets de santé : seule la moitié des parents interrogés* (49 %) jugent leur niveau d’information satisfaisant sur ce thème.

  • 76 % des parents jugent que les pouvoirs publics doivent faire de l’audition de l’enfant une grande cause de santé publique.
  • 41 % plaident pour des campagnes d’incitation au dépistage des troubles auditifs par la Sécurité sociale sur le modèle de celles liées à la santé dentaire ou visuelle, et 20 % pour la mise en place d’une vigilance renforcée auprès des médecins, pharmaciens, personnels de la petite enfance ou enseignants.

Un suivi médical pas assez précis

Des étapes sont bien prévues dans le parcours de santé de l’enfant mais les faits semblent indiquer qu’elles ne sont pas toujours organisées faute de temps, de matériels, par méconnaissance ou parce qu’aucun signe n’en démontre la nécessité. Il est d’ailleurs difficile de s’apercevoir d’une perte auditive chez l’enfant de moins de 7 ans car celui-ci peut développer des mécanismes de compensation réflexe, comme la lecture sur les lèvres par exemple.

« Il faut faire de l’information sur les risques auditifs. Les visites médicales à l’école et au lycée sont trop peu précises. Par exemple, on va chuchoter dans le dos de l’enfant. Mais s’il n’entend pas c’est que les problèmes sont déjà avancés. Avec JNA, nous plaidons pour un contrôle de l’audition plus précis à tous les âges de la vie, comme pour la vision. Une surdité légère chez l’enfant va se traduire par plus de fatigue, plus d’énervement, etc. Les conséquences ne sont pas anodines, il faut dépister », conclue Jean-Luc Puel.

Quelques chiffres

L’enquête* Ifop-JNA 2023 réalisée pour l’association à l’occasion de cette journée nationale révèle que :

  • 1/1000 enfant naît avec une surdité profonde en France
  • 15 à 20% des enfants de moins de 6 ans sont sujets à des otites sérieuses pouvant provoquer des pertes auditives
  • 216 000 jeunes scolarisés âgés de 6 à 25 ans présentent des limitations auditives fonctionnelles moyennes ou totales (source DRESS 2014 Handicap et santé)
  • 6% des 15-24 ans seraient concernés par une limitation fonctionnelle auditive (source OMS)

 

*Enquête Ifop-JNA 2023 : « Petites oreilles grands risques : état des lieux de la santé auditive des enfants »