Une étude menée par le Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) pour la Cnam-TS montre que de nombreux bénéficiaires de la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) sont déçus de vos prestations, qu'il s'agisse du reste à charge ou des produits proposés.

Un reste à charge le plus souvent « subi »

38% des bénéficiaires de la CMU-C doivent payer un reste à charge (RAC) de 165 euros en moyenne lors de leur achat de lunettes. Cette dépense leur apparaît difficile à éviter : 54% d'entre eux ont eu le sentiment « de ne pas avoir le choix ». Leur opticien ne leur aurait pas proposé une offre adaptée : 40% pensent qu'ils auraient pu éviter cette dépense dans un autre magasin. Seuls 16% ont consulté 3 opticiens ou plus : plus de la moitié de ceux-ci (57%) déclarent qu'ils n'auraient pas pu éviter un RAC, même dans un autre point de vente.

Une offre CMU-C limitée et un déficit de conseil

Si certains de ces bénéficiaires payent un reste à charge sur les montures, c'est qu'ils n'ont pas trouvé leur bonheur dans votre offre CMU : 42% se sont vus proposer moins de 5 modèles, et 38% entre 5 et 20 modèles (dans 13% des cas, l'opticien ne leur en a proposé aucun entrant dans le cadre du dispositif). Ils ont choisi une autre monture principalement pour des raisons esthétiques (70% jugent les montures CMU « pas jolies » ou « inadaptées à leur visage »), ou de qualité (pour 42%, les modèles CMU ne sont pas solides). Sur les verres, les RAC sont d'abord générés par les types de correction qui nécessitent des progressifs (pour 33%), puis par les traitements (29% payent un surplus pour un anti rayure, et 25% pour des verres « incassables »). En outre, 40% des bénéficiaires déclarent que leur opticien « ne les a pas spécialement aidés à réduire leur reste à charge », et 8% qu'il les a « poussés à prendre des montures et/ou des verres non pris en charge par la CMU-C ».

Une liste d'opticiens "labellisés" CMU ?

« Qu'il s'agisse des qualités des montures ou du type de verre, les attentes des bénéficiaires correspondent à des équipements standard largement diffusés et sont à mieux prendre en compte. Ils tiennent à la fois à un niveau de confort minimum attendu mais aussi à l'image de soi », note le Crédoc. « Pour les montures, déjà que je ne suis pas très belle, les modèles CMU allaient me rendre encore plus moche », illustre une des 900 clients CMU-C interrogés. Dans ce contexte, une majorité des bénéficiaires du dispositif (56%) se dit favorable à une liste d'opticiens « labellisés », qui disposeraient d'une offre CMU-C suffisante et de qualité. Ils plaident aussi pour l'augmentation des remboursements pour les besoins particuliers, comme les fortes corrections. De leur côté, les opticiens rappellent que les technologies ont évolué et que l'augmentation des coûts de fabrication n'est pas prise en compte dans la grille tarifaire de la CMU-C, qui n'a pas été actualisée depuis 2000. "Mais ces évolutions ne pourraient-elles pas également permettre de faire baisser les prix ?", questionne le Crédoc.

N.B. : Le montant maximum pris en charge par la CMU-C pour les adultes se monte à 20 euros par monture et entre 14 et 57 euros par verre.