Les ophtalmologistes devront mettre la pédale douce sur les dépassements d'honoraires

Il devient de plus en plus difficile de dénicher un ophtalmologiste qui ne pratique pas de dépassement d'honoraires. Selon une enquête menée fin 2011 par le magazine l'Expansion dans 74 villes de plus de 20 000 habitants, plus de 70 % de vos prescripteurs sont en secteur 2. Mais la situation pourrait bientôt changer : les négociations sur la limitation des dépassements d'honoraires, chantier prioritaire de la ministre de la Santé Marisol Touraine, débutent aujourd'hui mercredi 25 juillet. L'Assurance maladie, les complémentaires santé et les syndicats de médecins ont trois mois pour trouver un accord. Toutes spécialités confondues, les dépassements représentent 2,4 milliards d'euros annuels.

Sanctions en vue

Le gouvernement entend « définir des critères qui permettent des sanctions directes et rapides », comme le déconventionnement temporaire d'un médecin pratiquant des dépassements abusifs, explique Marisol Touraine. La ministre souhaite également faire signer aux praticiens de secteur 2 un « contrat d'accès aux soins », par lequel ils s'engageraient à proposer à leurs patients une consultation au tarif conventionnel ou avec un niveau de dépassement limité. La CSMF, premier syndicat de médecins, rejette quant à elle l'hypothèse d'un plafond pour les dépassements qui serait le même pour tous les spécialistes, et réclame des mesures au cas par cas. De leur côté, les complémentaires santé n'entendent pas prendre en charge aveuglement les dépassements même plafonnés. Etienne Caniard, président de la Mutualité française, a prévenu que cela renchérirait encore plus les cotisations, ce qui augmenterait le risque de démutualisation des assurés et développerait les renoncements aux soins. Les Ocam seraient prêts à faire un effort pour prendre en charge des dépassements modérés, en échange d'un allègement de leur taxe. Avec les médecins, ils plaident également pour une revalorisation des tarifs de secteur 1 : les syndicats de praticiens justifient en effet les nombreux dépassements par l'insuffisance du tarif opposable.

En cas d'échec de la négociation, le gouvernement ira jusqu'au bout et imposera si besoin les limites qu'il souhaite : « que ce soit bien clair: ce sera ou tout l'un ou tout l'autre, l'accord ou la loi, qui serait forcément plus contraignante qu'un dispositif négocié », a averti la ministre.