Créée en 1987 à Morez, dans le Jura, berceau de la lunetterie française, Naja est aujourd'hui menacée. Travaillant exclusivement le métal, cette entreprise sous-traite pour les plus grands lunettiers de France (Mikli, Oxibis, Vuillet-Véga, etc) et indirectement pour la distribution (Atol, Optic 2000,..), et gère toutes les étapes, du design à la production. Avec un chiffre d'affaires d'un peu plus de 8 millions d'euros, ils emploient 128 personnes. Mais les mauvais résultats en 2011 (- 400 000 euros) et en 2012 (l'exercice se terminant au 31 mars le bilan n'est pas arrêté, sera négatif mais dans des proportions moindres) ont forcé son Directeur-général Stéphane Cornu à entreprendre, vendredi dernier, une procédure de sauvegarde, afin de protéger l'entreprise.

Des prix de vente sous pression, face à la concurrence asiatique

« Si l'activité est plutôt bonne, l'entreprise a du mal à dégager de la trésorerie. La faute à la mode de l'acétate, mais aussi à la conjoncture actuelle. Le prix de l'équipement moyen ne cessant de baisser, la tension des prix en magasin se répercute sur nos lignes de production françaises. De plus, l'une des grandes forces de la marque, la garantie Made in France, est devenu une faiblesse face à la concurrence du marché asiatique. Le coût du travail en France est en effet plus cher que les autres marchés. Je peux bien comprendre que certains aient des difficultés à travailler avec nous. Pourtant en ramenant nos pertes aux 400 000 lunettes que nous fabriquons par an il ne nous faut pas grand-chose pour assurer notre pérennité », nous a expliqué Stéphane Cornu. En ajoutant que le rachat de Mikli, par Luxottica n'a pas affecté l'entreprise ; La production restant, à ce jour, entre les mains de Naja.
« La fabrication d'une monture en métal nécessite une centaine d'étapes, qui entrainent le besoin de faire de grandes séries pour amortir le coût du matériel et de la main d'oeuvre. Or, aujourd'hui, l'entreprise travaille sur de petites séries, ce qui provoque un manque de rentabilité.»


Des réserves financières insuffisantes

Le plan de sauvegarde va permettre à Naja de récupérer des réserves financières grâce à un gel du passif, accompagné d'un rééchelonnement des dettes. Leur objectif est de limiter l'impact de la crise sur la filière. Pour cela, Naja souhaite continuer à adapter l'entreprise vers une production à forte valeur ajoutée, avec notamment le secteur du luxe. Ils espèrent ainsi conserver les savoir-faire, afin que les marques qu'ils soutiennent continuent de se développer.
Malgré les volontés des entreprises de privilégier la filière Made in France, de gros efforts doivent être faits pour s'en sortir aujourd'hui. « La relocalisation mise en place par certains distributeurs doit être encouragée, déclare Stéphane Cornu. Plutôt que de prendre un billet d'avion pour Hong Kong, les personnes qui montent des collections feraient mieux de prendre leur voiture pour venir travailler avec nous ».

L'entreprise a contribué à faire gagner à ses clients 13 Silmo d'or, elle ne compte pas en rester là.