La crise de gouvernance chez EssilorLuxottica prend un nouveau tournant. Après le communiqué de presse de Leonardo Del Vecchio, actionnaire de référence de Luxottica, dénonçant la semaine dernière « une violation de l’accord de rapprochement » entre Essilor et Luxottica, et la réponse d’Hubert Sagnières à ces attaques, ce dernier, vice-président directeur général délégué du groupe, a rendu publique une lettre adressée aux 300 cadres d’Essilor (lire en pièce-jointe de cet article, en haut à droite). 

« J’imagine que ces publications ont choqué beaucoup d'entre vous et qu'elles ont soulevé de nombreuses questions, comme elles suscitent des interrogations des parties prenantes qui ont soutenu et continuent de soutenir le rapprochement entre Essilor et Luxottica », déplore Hubert Sagnières qui regrette « que ces discussions internes aient été rendue publiques dans les médias, ce qui n'est pas dans l'intérêt du nouveau Groupe ». Il souligne de nouveau que « les récentes déclarations de M. Del Vecchio dans la presse affirmant qu'Essilor a violé les accords de rapprochement en nommant quatre dirigeants clés (…) sont sans fondement et représentent une tentative de Delfin de déstabiliser Essilor ». 

D’après lui, « il est devenu clair que M. Del Vecchio veut prendre le contrôle d'EssilorLuxottica sans payer de prime aux actionnaires ».

« Accélérer l’efficacité opérationnelle »

Le vice-président directeur général délégué en appelle à la résolution des conflits : « Je suis pleinement convaincu que le nouvel ensemble EssilorLuxottica reste un formidable partenariat. Je continuerai de veiller à ce que nous accélérions l'efficacité opérationnelle plutôt que de nous faire dévier par des questions de gouvernance qui reflètent souvent uniquement des ambitions personnelles ». Hubert Sagnières rappelle ainsi la priorité du groupe à trouver un futur directeur général d'EssilorLuxottica

Avec cette nouvelle lettre, Hubert Sagnières entend rassurer les cadres du groupe, les actionnaires et renouveler son adhésion à la fusion. Ces problèmes de gouvernance pèsent en effet sur le titre EssilorLuxottica, qui a cédé 10,5% depuis le début de l'année à la Bourse de Paris, sous-performant largement le CAC 40 (dont la valeur fait partie), qui affiche une hausse de 12%.

Dans le même temps, Delfin, la holding de Leonardo Del Vecchio, a annoncé hier, mercredi 27 mars, qu’elle saisirait la chambre de commerce internationale (CCI) pour faire constater ce qu'elle qualifie de « violations » de l'accord de rapprochement de 2017 entre le français Essilor et Luxottica.