Dans un contexte européen marqué par la hausse continue des dépenses de santé, la France confirme en 2024 sa place parmi les pays les plus protecteurs pour leurs citoyens (source : Drees). Grâce à un système de financement largement public et à la montée en puissance des complémentaires santé, le reste à charge supporté par les ménages français demeure particulièrement faible, bien inférieur à la moyenne européenne.

Un reste à charge limité : 292 € par habitant

En 2024, chaque Français a déboursé en moyenne 292 euros de sa poche pour ses soins et biens médicaux, soit 7,8 % de la consommation totale de soins et biens médicaux (CSBM). Ce chiffre, en légère hausse par rapport à 2023 (276 €), reste historiquement bas : il s’agit du deuxième plus faible taux depuis 2010. Rapporté à l’ensemble des dépenses de santé (DCSi), qui incluent la prévention et les soins de longue durée, le reste à charge s’établit à 10,2 % des dépenses de santé.

Cette performance tient en grande partie au modèle français de financement : près de 80 % des dépenses sont couvertes par la Sécurité sociale et l’État, 12,8 % par les organismes complémentaires, et seulement 7,8 % restent à la charge directe des ménages. Même si certaines mesures récentes – comme le doublement des franchises médicales ou la hausse des participations forfaitaires – ont légèrement relevé cette part, la France demeure l’un des pays d’Europe où l’effort financier individuel reste le plus modéré.

L’Europe à plusieurs vitesses

Si la France se classe parmi les pays les plus protecteurs, la situation varie fortement d’un pays européen à l’autre. En moyenne, le reste à charge représente 14,8 % de la dépense courante de santé dans l’Union européenne, soit près de 5 points de plus qu’en France.

L'Europe en détail

Dans les pays d’Europe de l’Est et du Sud, la charge financière qui pèse sur les ménages est souvent bien plus lourde. Elle dépasse 20 % en Hongrie, en Roumanie ou au Portugal, et grimpe au-delà de 30 % en Bulgarie, en Grèce, en Lituanie et en Lettonie. À l’inverse, les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest affichent généralement des taux plus faibles : 11,1 % en Allemagne, 14,0 % au Danemark, et seulement 9,7 % au Luxembourg, le pays européen le plus protecteur devant la France.

Ces écarts reflètent des structures de financement très différentes. Dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale, les médicaments représentent plus de la moitié du reste à charge des ménages (jusqu’à 67 % en Bulgarie), conséquence d’un remboursement public plus limité et d’une couverture complémentaire souvent moins développée. À l’inverse, les systèmes d’assurance santé plus généreux d’Europe occidentale permettent de mieux contenir cette charge.

Une tendance stable, mais à surveiller

Si les données récentes confirment la solidité du modèle français, elles soulignent aussi une légère remontée du reste à charge, conséquence des évolutions réglementaires récentes. Les participations forfaitaires, les franchises médicales et certains transferts de financement vers les organismes complémentaires pèsent à la marge sur les ménages.
Cependant, le niveau reste bas dans l’absolu : même en valeur absolue, la France se situe sous les 450 € de reste à charge moyen par habitant, contre plus de 580 € en moyenne dans l’UE. Cet écart reflète une volonté forte de maintenir l’accès aux soins indépendamment des revenus, un enjeu central alors que le vieillissement de la population et l’innovation médicale risquent d’alourdir les dépenses à venir.