Suite à la mise en place du 100% Santé, de nombreux opticiens ont observé une baisse sensible de leur trésorerie. Nous avons interrogé Jérôme Bonnaud du cabinet AOCS (Audit’Optic Conseil & Service) qui propose un certain nombre de solutions pour traverser avec sérénité cette période.

Dans tous les cas, un suivi de la trésorerie au jour le jour s’impose. Afin de préserver de bonnes relations commerciales avec vos fournisseurs ou avec l’administration, n’attendez pas que des prélèvements ou chèques soient rejetés pour envisager les différentes possibilités.

Quelles solutions dans le cas d’une situation délicate ?

  • Demandez une facilité de caisse (ou une augmentation de cette dernière) auprès de votre établissement bancaire. N’hésitez pas à mettre en avant le rallongement du délai de règlement client et Ocam afin de justifier l’aspect « provisoire » de cette requête.
  • Le chiffrage de l’encours client permet de rassurer la banque sur la viabilité économique de l’entreprise mais aussi sur sa solvabilité à court et moyen terme.
  • Vérifiez si les crédits en cours bénéficient d’une option « souplesse ». Ces options se caractérisent soit par une réduction des échéances et donc un allongement de la durée du prêt, soit par une suspension d'1 à 6 échéances.
  • Demandez un report auprès de vos principaux créanciers (impôts, URSSAF, RSI, fournisseurs).

        - L’URSSAF accepte généralement un report des cotisations patronales à condition que la partie salariale soit honorée dans les délais. Dans le cas du RSI, la demande est désormais réalisable via l’espace en ligne.

        - Du côté des fournisseurs et des centrales, une négociation sur des délais de paiement peut s’avérer possible dans certains cas. La qualité ainsi que l’antériorité de la relation commerciale sont des éléments importants pris en compte pour l’acceptation de cette requête.

Quelles possibilités pour reconstituer rapidement sa trésorerie ?

Outre le règlement des dossiers en cours, une réduction des délais de paiement sera la clé d’un retour rapide d’une trésorerie solide.

  • Réduction des chèques-tiroirs : remplacez-les par des règlements à J+1.

        - Installation du système de paiement différé par CB. Santeffi, par exemple, qui peut assurer la gestion du tiers payant, accorde un différé de 25 jours ouvrés pour le client. Sans aucun frais, que ce soit pour vous ou pour le client. Cette filiale du groupe Crédit Agricole le propose pour ses filiales (Caisses régionales du Crédit Agricole, LCL) ou pour les clients des autres banques sous réserve de s’équiper du terminal bancaire auprès de leur service. Renseignez-vous auprès de votre banque.

        - Paiement PNF : c’est une solution de financement en 3 à 24 fois dont les frais sont supportés par l’opticien. Une carte bancaire, une pièce d’identité et un RIB suffisent en général pour valider un dossier (après acceptation par l’organisme de financement). La plupart des enseignes et des centrales ont référencé des prestataires.

  • Négociez auprès des fournisseurs des conditions à prix net en remplacement des RFM ou RFA.

Comment optimiser les délais de paiement à moyen terme ?

  • Autre possibilité, demandez un acompte client plus important à la commande.
  • Optimisez les délais de règlements RO & RC.

        - Passage en télétransmission SCOR (règlement RO J+4, sans envoi de document papier). Pour cela, il est impératif d’avoir un logiciel compatible et d’être en possession d’une carte CPS en cours de validité. Pour l'obtenir, il y a la plateforme esante.gouv. Mais ce n’est pas la solution la plus rapide : en effet, il faut attendre l'obtention des cartes CPS/CPE permettant de mettre en place la télétransmission. Comptez entre 1 et 3 mois en général. Une formation est souvent nécessaire par votre éditeur de logiciel afin de maîtriser les nouvelles procédures.

        - Déléguez la gestion des dossiers TP (contre règlement J+1) à un prestataire extérieur (coût : environ 0,50% du montant des TP)

Comment déterminer les solutions à mettre en place ?

Toutes ces solutions sont à mettre en place au cas par cas selon les impératifs de votre magasin à court et moyen terme. Si vos difficultés perdurent, il sera opportun de vous tourner vers d’autres actions, vers de nouvelles habitudes de gestion, voire de demander un audit afin d’identifier les axes d’amélioration.