Le Groupe Pasteur Mutualité (GPM), acteur majeur de l’assurance santé des professions médicales (264 M€ de CA en 2024), fait actuellement l’objet de plusieurs enquêtes administratives et fiscales, tout en étant épinglé pour la gestion de son parc automobile et de ses investissements immobiliers.

Une flotte automobile prestigieuse

Selon Le Canard Enchaîné, la mutuelle entretient une flotte de près de 160 véhicules de fonction pour 400 collaborateurs, représentant une facture annuelle de 2,3 M€. Ce parc comprend notamment plus d’une centaine de Tesla Model 3, choisies pour leur autonomie et leur conformité anticipée aux réglementations environnementales. Le groupe justifie ce choix par une démarche « écologique et citoyenne » et précise que 90 % des véhicules sont attribués aux commerciaux. Les cadres dirigeants disposent toutefois de modèles plus prestigieux : Porsche Taycan pour le directeur général Thierry Lorente, SUV Mercedes pour le directeur juridique, Volvo break pour le directeur conformité, ou encore Austin Mini électrique pour une directrice générale adjointe.

Dans le collimateur de 3 autorités de contrôle et régulation

  • La DGCCRF s’interroge sur certaines pratiques commerciales, notamment autour des garanties emprunteurs.
  • Le fisc conteste la valorisation de provisions comptables estimées à 1,1 Md€ en 2024 et envisage un redressement pouvant atteindre 2 M€, lié en particulier aux contrats dépendance.
  • L’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) suit de près les activités de la mutuelle, même si GPM affirme n’avoir connaissance d’aucun contrôle spécifique en cours.

La direction se veut rassurante, évoquant un simple « dialogue technique » avec les régulateurs et estimant qu’un éventuel ajustement fiscal resterait limité. Elle dénonce également une « campagne interne de déstabilisation », marquée par des fuites vers la presse, des départs conflictuels et des courriers anonymes.

Des investissements bien loin de l'activité de santé

Toujours selon le Canard Enchainé, un autre sujet de crispation porte sur la stratégie immobilière de la mutuelle. Plusieurs projets emblématiques, comme la réhabilitation de l’hôtel Madrigal, la création du restaurant Mangeaver et surtout le complexe hôtelier Villa M (65,3 M€ d’investissement) à Paris, suscitent l’attention. Leur exploitation a été confiée à l’homme d’affaires Laurent de Gourcuff, récemment condamné (en appel) pour corruption active à une interdiction de gérer pendant cinq ans. GPM assume ces choix, affirmant que ces actifs s’inscrivent dans une stratégie patrimoniale long terme, également déployée à Marseille, Cassis, Lille et Bordeaux.