C'est en résumé ce qu'explique Nicolas Bouzou aux présidentiables de 2017. "Quand je les rencontre, j'évoque la problématique du système de santé et l'existence des réseaux. L'idée est bien reçue et ne pose aucun problème", avance l'économiste, directeur-fondateur du cabinet Asterès et vice-président du Cercle Turgot, regroupant des banquiers et des hommes politiques. 

Interdire les réseaux de soins : "une erreur absolument majeure"

L'Observatoire citoyen du reste à charge* dont Santéclair, 60 millions de Consommateurs et le Ciss sont à l'initiative, a commanditée un rapport publié par Asterès mardi 4 octobre. "Les réseaux offrent un mécanisme de régulation nécessaire", avance le document. Sans faire de différence entre réseau ouvert ou fermé, Nicolas Bouzou se place en opposition aux propos de Frédéric Bizard, qui prône tout simplement leur suppression. Une position qu'il avait déjà défendu lors des Etats Généraux de la Santé Visuelle, organisés par la Mutualité Française en décembre 2015.

Cette étude est révélée alors que le rapport d'évaluation de la Loi Le Roux a été confié à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et doit être rendu au Parlement dans les semaines à venir. Aujourd'hui, 40 millions de Français ont accès à un réseau de soins à travers leur contrat de complémentaire santé et 7 plateformes de services. Sans eux, "les dépenses de santé pourraient augmenter de 5 à 6% par an alors qu'elles progressent actuellement de 2 à 2,5% chaque année",  a affirmé Nicolas Bouzou. Concrètement, ce nouveau document, présenté lors d'une conférence de presse, fait l'apologie des réseaux de soins. Il est destiné à présenter "leur intérêt autant en matière de maîtrise des tarifs que d'encadrement de la qualité des soins".

Les réseaux de soins seraient "un modèle de régulation pertinent"

Intervenant dans des postes de soins où la Sécurité sociale rembourse peu ou pas du tout (optique, dentaire, audiologie, ostéopathie,...), "les plateformes de services obtiennent des diminutions tarifaires de 10 à 50% par rapport à la moyenne des marchés", peut-on lire dans cette étude. En cela, les réseaux de soins apparaissent pour Nicolas Bouzou comme "une alternative aux propositions des gouvernements qui sont plutôt des mesures de rationnement administratif".

Et, "les avantages tarifaires des réseaux se traduisent à l'échelle nationale par des économies de dépenses de plusieurs centaines de millions d'euros. En 2015, Kalivia a généré à lui seul une économie estimée à près de 200 millions d'euros sur l'ensemble des prestations conventionnées comparativement à ces mêmes prestations aux tarifs hors réseaux", annonce Asterès. "C'est un peu plus pour Santéclair", a assuré Caroline Touizer, directrice des réseaux de soins, lors de la présentation. Et de préciser sans pour autant avancer de chiffres : "ces économies se répartissent entre les assurés et les complémentaires santé".

Mais comment les plateformes arrivent-elles à ce résultat ? Par le biais de la négociation commerciale, "souvent musclée et qui doit se faire entre les opérateurs", a souligné Nicolas Bouzou s'opposant ainsi à la demande des syndicats d'optique et d'audio de peser dans la balance. En contrepartie, le coût de fonctionnement d'une plateforme de services est quant à lui estimé de 1 à 3 euros par assuré.

Quid de la qualité ?

Quant à l’argument sur les questions de qualité de prestations et de produits, le rapport Asterès oppose les exigences figurant dans le cahier des charges que les "partenaires" sont tenus de respecter et les contrôles effectués par les plateformes tant en amont qu'en aval des prestations. "De janvier 2015 à mars 2016, 45% du réseau optique de Santéclair a été contrôlé. 7% des dossiers présentaient une irrégularité, précise-t-il. 

"Si la qualité n'était pas au rendez-vous, les assurés n'iraient pas dans les réseaux. Hors, la fréquentation est en hausse constante, et se situe entre 50 et 80% selon les Ocam", a pourtant insisté Caroline Touizer. Avant d'ajouter : "En parallèle, très peu de professionnels de santé quittent les réseaux. Au total chez Santéclair, 8 ont dû rompre leur conventionnement, dont 2 en dentaire et 6 en optique. Et nous avons toujours des opticiens partenaires en Haute- Savoie et en Savoie, même à Chambéry", a-t-elle ironisé.

En conclusion, le rapport d'Asterès conforte les complémentaires santé à jouer une rôle de "payeurs régulateurs" par le biais des plateformes de services. 

*L'Observatoire citoyen du reste à charge a été fondée en 2013 par Santéclair, 60 millions de Consommateurs et le Ciss (Collectif interassociatif sur la santé)