Benoît Potterie, élu dimanche 18 juin député dans la 8e circonscription du Pas-de-Calais (62) avec 56,79% des suffrages, nous a accordé une interview exclusive. Votre confrère évoque ses principales missions, sa position sur les réseaux de soins, et les raisons pour lesquelles il s'est lancé dans la politique. Interview.

Acuité : Quel est votre sentiment après cette élection ?

Benoît Potterie : Je suis très content de cette victoire. Je mesure l'espoir que les électeurs ont placé en moi et la responsabilité qui en découle. Je serai un député à temps plein, à l’écoute de mes concitoyens mais aussi des élus, quel que soit leur engagement, pour porter au plus haut les dossiers de notre territoire. Le seul bémol est le taux d'abstention, cela montre tout le travail qu'il reste à accomplir.

A : Dans quelle commission allez-vous vous inscrire à l'Assemblée nationale ?

B.P : Je vais m'inscrire à la commission des Affaires étrangères et à la commission Economique.

A : Quels seront vos dossiers prioritaires ?

B.P : Au niveau local, ma priorité est l'emploi. Le chômage est un sujet de préoccupation dans le Pas-de-Calais.

Autre point important : les déserts médicaux. Il y a un manque de spécialistes sur le territoire. A Saint-Omer, il n'y a plus que 3 ophtalmologistes. Il faut attendre parfois un an pour obtenir un rendez-vous. Les médecins ne veulent pas venir dans des zones rurales, parce qu'ils ont l'impression de se retrouver seul. La solution ? Mettre en place des maisons médicales de santé pluridisciplinaires avec plusieurs spécialistes. Autres pistes de réflexion : la suppression des taxes locales ou la création d’aides financières pour les étudiants en médecine. Je compte interroger les professionnels de santé pour mieux comprendre les problématiques actuelles.

A: Et pour l'optique ?

B.P : Les politiques ne se rendent pas compte du travail des opticiens. Ces derniers sont attaqués sur leur marge, mais on oublie tout le service proposé aux clients. J'essayerai de me faire le porte-parole des opticiens auprès du Gouvernement. Comment ? En relatant mon expérience personnelle à l'Assemblée nationale.

A: Quelle est votre position par rapport aux réseaux de soins ?

B.P : Je souhaite que le gouvernement supprime les réseaux fermés. Je vais en parler avec les ministres concernés. C'est un dossier important pour l'avenir de la profession. Les opticiens sont soumis à trop de contraintes et les patients ne peuvent pas choisir librement leur professionnel de santé. En revanche, le gouvernement est favorable aux réseaux ouverts.

A: D'autres objectifs pour notre secteur ?

B.P : Il faut s'attaquer aux nombres de magasins d'optique. Il y a trop de points de vente et 34 000 diplômés. Pour réfléchir à des solutions, il convient d'en discuter avec les écoles et les syndicats. L'instauration d'un numerus clausus ne me semble pas une piste envisageable, car l'optique est un commerce, il y a une liberté d'installation.

Par ailleurs, les récents décrets ont renforcé les prérogatives des opticiens. Il faut continuer à valoriser les examens de vue et améliorer la relation de confiance avec les ophtalmologistes.

A: Qu'en est-il de la promesse d'Emmanuel Macron de rembourser les lunettes, les prothèses auditives et dentaires d'ici 2022?

B.P : Pour le moment, rien n'est défini. On en discutera avec les professionnels de santé. L'objectif du président est d'avoir d'ici 5 ans des lunettes remboursées à 100%. Je souhaiterais participer aux échanges.

A : Qu'est-ce qui vous a décidé à rejoindre le mouvement En Marche ?

B.P : J'ai été marqué par le discours au CES de Las Vegas d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie. Il s'exprimait en faveur de l'entrepreneuriat et de la réussite par le travail. Son allocution a été le point de départ. Emmanuel Macron a créé son mouvement le 6 avril 2016, j'y ai adhéré 10 jours plus tard.

A : Pourquoi avez-vous créé ensuite le comité de Saint-Omer ?

B.P: Après avoir rejoint En Marche, je me suis déplacé au meeting d'Emmanuel Macron le 12 juillet, à la Mutualité Française, à Paris. J'étais avec des jeunes qui ont créé leur start-up. Marqué par leur dynamisme qui donne une bonne image de la France, j'ai décidé de créer un comité. Aujourd'hui, nous sommes 210 personnes.

Caroline Saudemont, maire d'Arques et déléguée nationale d'En marche, m'a contacté en décembre dernier, pour me demander de prendre davantage de responsabilités. J'ai accepté et je me suis présenté en tant que candidat. Je n'aurais jamais débuté une carrière politique sans le mouvement En Marche.