Pour notre secteur, la campagne a été ponctuée de promesses électorales : le leader du mouvement "En marche" a annoncé d'ici 2022 une prise en charge à 100% des lunettes, des prothèses auditives et dentaires. Il propose 3 contrats types qui seraient imposés aux assureurs et aux mutuelles pour garantir la transparence et faciliter les comparaisons.

L'effort demandé aux Ocam

Coût de la suppression des restes à charge pour l'optique médicale, les soins dentaires et les prothèses auditives : 4,4 milliards d'euros par an, dont notamment 1,48 milliard pour les lunettes. Une somme importante qui serait supportée par les Ocam. "Elles ont sans doute une marge de manoeuvre sur les frais de gestion et sur certaines prestations hospitalières", a déclaré Olivier Véran, référent santé d'Emmanuel Macron, dans une interview sur France Info.

"Les complémentaires santé ne gagnent pas vraiment d'argent"

Il y a quelques jours, la Fédération nationale de la mutualité française (FNMF) n'a pas manqué de réagir à ces affirmations. Son président Thierry Beaudet, interrogé par les mêmes confrères, estime que cette "marge de manoeuvre" est minime. Le dernier rapport de la Dress indique que les assurances, et les mutuelles encore plus, arrivent tout juste à l'équilibre. En clair, les complémentaires santé ne gagnent pas vraiment d'argent", poursuit-il.

Une baisse des prix, et un meilleur remboursement

Comment parvenir à rembourser intégralement les lunettes, les soins dentaires et prothèses auditives ? En partageant l'effort entre tous les acteurs du secteur, fabricants, fournisseurs de soins, assurance santé obligatoire et complémentaire santé, selon la Mutualité française. Ainsi, elle suggère de baisser les prix des équipements en optique, en audio et en dentaire de 15%, soit une économie annuelle de 2,7 milliards d'euros, et d'augmenter de 13% la prise en charge par la Sécurité sociale et des remboursements des régimes complémentaires. Les ménages se verront reverser 1,7 milliard d'euros de prestations supplémentaires. "Il ne s'agit que d'un ordre de grandeur. Mais cela permettrait de rendre cette mesure la plus indolore possible pour les patients, en activant tous les leviers", affirme Thierry Beaudet.

"Nous sommes disposés à échanger et à travailler avec les autres acteurs pour délivrer nos prestations au meilleur prix. Mais, il n'est pas réaliste de demander aux seules mutuelles de supporter ce reste à charge sans augmenter les cotisations", conclut-il.

Le remboursement intégral des frais d'optique, dentaires et auditifs favoriserait aux Français un meilleur accès aux soins. Cet argument sera-t-il suffisant pour convaincre tous les acteurs du marché ? Emmanuel Macron réussira-t-il à mettre en oeuvre ses promesses ? A quel prix pour la profession ?