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Baisse du plafond de remboursement des montures : l'analyse de 4 lunetiers

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La réforme du RAC 0 (100% santé) prévoit une baisse du plafond de remboursement des montures, de 150 à 100 euros. En dépit de leurs inquiétudes, les lunetiers souhaitent continuer d’innover et d’apporter de la valeur ajoutée sur leurs collections. L’enjeu des prochains mois : la valorisation du reste à charge auprès du consommateur. De plus en plus d’outils d’aide à la vente seront proposés aux opticiens. Explications de 4 lunetiers.

Daniel Arnaud - PDG d'OxibisGroup

Le plafonnement des remboursements des montures à 100 euros pourrait mettre à mal la filière française.

Notre inquiétude porte essentiellement sur le comportement du consommateur sur lequel nous n’avons aucune visibilité : combien va-t-il accepter de payer de sa poche pour une lunette de qualité ?

Nous avons toutefois une certitude : il est important pour nous de continuer à innover, à apporter de la valeur ajoutée et à accompagner nos partenaires opticiens en leur donnant tous les arguments dont ils auront besoin pour bien expliquer nos produits à leurs clients.

En dépit de cette question du plafond de remboursement, la réforme du reste à charge zéro devrait permettre d’améliorer l’accès aux soins à tous les Français.

Fabrice Albert, directeur général de Silhouette

Le marché français va voir éclore une véritable dichotomie entre marché RAC0 et marché libre. De plus, la baisse des plafonds de remboursement des montures à 100 euros affectera la moyenne des prix puisqu’on passe d’une répartition normale (type dromadaire) à une répartition bimodale (type chameau) avec une augmentation de la part des produits inférieurs à 100€.

Mais toutes les études consommateurs montrent que les 3 principaux critères de choix d’un équipement sont le confort, l’esthétique et le choix, loin devant le prix. Ce qui donne un avantage à l’innovation, au produit de qualité, à la création et la fabrication européenne et au service.

Les industriels qui viseront le marché libre devront forcément mieux communiquer sur la valeur ajoutée de leurs produits, leurs avantages et leurs bénéfices pour le porteur, et surtout trouver le moyen pour que l’opticien sache les communiquer efficacement au porteur. C’est le principal enjeu des prochains mois. Nous allons consacrer tous nos efforts dans le « faire-savoir » de la valeur ajoutée de nos produits et services.

Henri Grasset - PDG de Lunettes Grasset Associés

Depuis plus de 6 mois et encore aujourd’hui, les lunetiers français continuent à sensibiliser les pouvoirs publics sur l’impact industriel pour la filière française de la réforme RAC0. En effet, aucun produit Made In France ne pourrait rentrer dans le cadre d’un plafond de remboursement des montures à 100 euros.

Nous sommes évidemment inquiets sur la capacité du consommateur à débourser entre 100 et 150 euros de plus pour une monture fabriquée en France. Nos produits de Marque sont bien entendu innovants et intègrent de nombreux éléments nécessaires aux consommateurs : confort, matériaux, qualité de fabrication.

Le défi pour nos clients étant de plus en plus la valorisation du reste à charge pour le consommateur, nous travaillons énormément sur des outils de mise en scène de nos marques et d’aide à la vente pour l’opticien.

Eric Lefort, directeur général de Marcolin

Si la réforme 100% santé est une bonne mesure pour nos concitoyens, les modalités de son application vont impacter et complexifier le travail des opticiens. Ils vont devoir passer beaucoup de temps à expliquer les différentes catégories de remboursements au lieu de se concentrer sur la santé visuelle de leurs clients. Entre la classe A et B et le marché libre, ils vont devoir faire preuve de pédagogie et de patience !

Dans la classe B, la baisse du plafonnement des remboursements des montures à 100 euros est une mauvaise nouvelle qui va avoir un impact majeur sur le temps consacré à la vente : l’opticien devra trouver les mots pour dire au client que son reste à charge n'est plus en moyenne de 30 euros mais de 80 euros sur la monture !

En tant que fournisseur, nous allons devoir réfléchir à comment fabriquer et dessiner des segments dans nos gammes s'approchant des 100 euros, pour offrir des montures avec un reste charge consenti le plus bas possible. Si cela peut se concevoir sur certaines marques telles que Guess ou Diesel, en revanche, des marques comme Tom Ford, Moncler, Swarovski ou DSquared ne rentreront pas dans ce cadre-là et feront partie du marché libre. Nous continuerons à proposer des produits de qualité, à mettre en place des services avec nos forces commerciales afin que l'opticien puisse s'appuyer sur un partenaire fiable.

 

 

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2 commentaires
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Bruno Vaisson
En Allemagne, l'optique n'est plus remboursée depuis longtemps !
Mais comment font-ils ? Les allemands n'achètent plus de lunettes ?
La Rédaction
Bonjour,
Merci pour votre message. Effectivement, depuis 2003, en Allemagne, les équipements optiques ne sont plus remboursés par l’assurance maladie, sauf pour les personnes souffrant d’un défaut de vision « lourd » et pour les enfants de moins de 18 ans. Cette réforme a entraîné une baisse des prix juste après sa mise en œuvre mais ils ont retrouvé progressivement leur niveau antérieur. Pas d’effet du déremboursement non plus sur les délais de renouvellement. Et le nombre d’opticiens allemands n’a pas diminué : ils étaient 9 850 en 2003, ils sont aujourd’hui 11 800. Dans le même temps, les parts de marché des chaînes (Fielmann en tête) ont considérablement progressé. Mais on constate la même tendance sur d’autres marchés. Pour plus de détails sur l’analyse et les chiffres, je vous invite à lire un très bon article de Bien Vu qui a publié dans son numéro 268 de juillet-août une analyse détaillée du marché allemand depuis 2003.
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