benoit_potterie_02.jpgPour sa deuxième campagne législative, Benoît Potterie (Agir Ensemble, Renaissance/ex-LREM) est toujours aussi enthousiaste qu'en 2017 lorsqu'il a été élu député, mais les échanges avec les électeurs sont moins évidents qu’à l'époque. « Il y a 5 ans, Emmanuel Macron et LREM c’était nouveau, il y avait une curiosité, de l'enthousiasme », explique-t-il. « Entre temps, on est devenu un parti. Aujourd'hui, il n’est pas forcément judicieux de s’afficher avec le président sur les images des tracts ; dans mon territoire (8e circonscription du Pas-de-Calais), les électeurs ont voté à 57% pour Marine Le Pen aux présidentielles. Je fais campagne en mon nom. Pourtant, le bilan du quinquennat est positif, les entreprises et les individus ont été bien protégés pendant la crise sanitaire, les chiffres du chômage sont les plus bas depuis 15 ans…et dans l’optique, plusieurs avancées ont eu lieu, le 100% Santé, l’élargissement des examens de vue aux orthoptistes, l’expérimentation de l’accès des opticiens aux Ehpad… ». À 54 ans, propriétaire de 6 magasins Krys, 3 Lynx et 1 collectif des lunetiers dans le secteur de Lille/Saint-Omer, Benoît Potterie veut continuer à représenter son territoire et sa profession.

Acuité : Pourquoi se représenter ?

Benoît Potterie : « En 2017, je me suis engagé pour soutenir le président de la République et accompagner son projet auquel je croyais beaucoup, et auquel je crois toujours autant ; cela me semble donc naturel de participer à constituer une majorité pour ce nouveau quinquennat. Surtout, il y a des sujets que j’ai porté et auxquels je peux contribuer à trouver des solutions. Je connais bien les problématiques du secteur. D'ailleurs, je cherche actuellement 4 opticiens diplômés et je n’en trouve pas ».

AC : Comment avez-vous défendu les enjeux de santé sur votre territoire ?

BP : « Membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, j’étais rapporteur d’une mission sur la réforme des études de santé. L’un des objectifs était de trouver un moyen d’augmenter le nombre d’étudiants en 2e année de médecine, pour faire face aux déserts médicaux dont ma circonscription souffre. Il y a cinq ans, à Saint-Omer, on manquait d’ophtalmologistes. Des cliniques ont ouvert et ont amélioré la situation, mais aujourd’hui ce sont les médecins généralistes qui font défaut. Nous voulons faciliter l’accès à la deuxième année de médecine en échange d’internes qui s’engageraient à s’installer dans des territoires sous-dotés, avec des soutiens financiers sur leur logement par exemple. Mais les syndicats de médecins sont peu réceptifs à ce genre de réforme ».

AC : Et en optique ?

BP : « J’ai apporté beaucoup d’amendements pour faciliter les examens de vue, comme chercher à favoriser la téléconsultation en ophtalmologie, mais le gouvernement n’avait pas l’intention de tendre ses relations avec les représentants de ce secteur. Et malgré tout, l’an dernier lors du PLFSS, nous avons pu obtenir que les orthoptistes soient autorisés à faire des examens de vue. Ce qui n’a pas manqué de décevoir les ophtalmologistes, qui auraient finalement préféré la téléconsultation… Cela reste un sujet essentiel, ainsi que d’autres : la réforme du diplôme du BTS-OL était sur la table jusqu’au moment de la crise sanitaire qui a finalement occupé tout notre temps pendant de longs mois. C’est pour cela aussi que je me représente, pour mener à bout ces projets de réformes ».

AC : L’une des réformes majeures en santé de ce quinquennat c’est le 100% Santé. Quel bilan en tirer ?

BP : « Le 100% Santé, en audio et en dentaire c’est un vrai succès. Le nombre d'équipements en audio a explosé l’année dernière. En optique, c’est plus mitigé. La couverture des mutuelles était déjà significative avant la mise en place de la réforme. Si cette dernière a fait couler beaucoup d’encre avant sa mise en place, à l’arrivée, ça se passe plutôt bien. Globalement, le secteur optique se porte bien. Et les opticiens couvrent mieux le territoire que les autres secteurs médicaux, c'est pourquoi il faut s’appuyer sur eux pour déléguer des tâches, comme développer les cabines de télémédecine, et devenir des relais pour pallier le manque de professionnels de santé dans de nombreuses régions ». 

AC : Vous avez connu les époques Buzin et Véran, que penser de la nouvelle ministre de la Santé ?

BP : « Un ministre de la Santé lorsqu’il est médecin de métier va toujours éviter de se froisser avec ses confrères. Brigitte Bourguignon n’est pas médecin, elle fait campagne juste à côté de ma circonscription, son territoire est très rural et elle connait parfaitement la problématique des déserts médicaux. Elle devrait être confrontée à moins de corporatisme, et sensible à mes propositions de lois et aux solutions concernant les délégations de tâches ».

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Benoît Potterie et Brigitte Bourguignon à l'Assemblée nationale

 

AC : Comment valoriser l’activité des opticiens ?

BP : « Certaines réformes mériteraient d’être menées depuis de nombreuses années mais sont bloquées par des rapports de force défavorables au changement. Difficile de défendre mes amendements alors qu’en face de moi se dressent les médecins et leurs syndicats. Plutôt que des critiques venant de notre secteur, j’aurais besoin de soutiens. Et s’il y avait plus d’opticiens parlementaires pour représenter la profession, ce serait plus simple ! Mais je suis confiant, j’ai été très présent sur le terrain pendant ces cinq dernières années, j’ai participé à toutes les manifestations auxquelles j’ai été convié, pendant cette période j’ai reçu plus de 1 200 rendez-vous dans ma permanence, j’ai toujours gardé un lien fort avec les entreprises de mon territoire. À Saint-Omer, on m’interpelle de temps en temps dans la rue pour me parler d’optique ou d’audio, je suis surtout connu comme opticien. Et c'est un honneur de pouvoir représenter mes concitoyens ».